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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/451

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ACTE I, SCENE IV il

Ah 1 Pauline, en etTel., tu m'as trop obéi;

Ton courage iHait bon, ton devoir l'a trahi.

Que ta rébellion m'eût été favorable!

Qu'elle m'eût garanti d'un élal déplorable !

Si quel([ue espoir me reste, il n'est plus aujourd'hui 335

Qu'en l'absolu pouvoir qu'il te donnait sur lui;

Ménage en ma faveur l'amour qui le possède,

Et d'où provient mon mal fais sortir le remède.

PAULINE.

Moi ! moi 1 que je revoie un si puissant vainqueur,

Et. •^ expose à des yeux qui me percent le cœur ! 340

Mon père, je suis femme, et je sais ma faiblesse ;

Je sens déjà mon cœur qui pour lui s'intéresse,

Et poussera sans doute, en dépit de ma foi,

Quelque soupir indigne et de vous et de moi.

Je ne le verrai ^i oint.

FÉLIX .

Rassure un peu ton âme. 345

PAULINE.

11 est toujours aimable et je suis toujours femme; Dans le pouvoir sur moi que ses regards ont eu Je n'ose m'assurer de toute ma vertu.

��332. Au V. 170 on a déjà vu couraae pour cœur. On retrouvera ce mot dans des arceptiuns analogues aux vers 400, 889, 1184, 1568.

C'est trop indignement traiter un bon courage. {Illusion comique, 558.)

Bon courage a ici un sens un peu différent, et le vers de Corneille, peu net dans l'expression, revient à dire : les sentiments de ton cœur ne te trompaient pas, mais ils ont été traliis, c'est-à-dii'e mal secondés par ton obéissance à la volonté paternelle.

339. Vainqueur est encore un de ces mots qui faisaient partie du langage convenu de la galanterie au xvii" siècle :•

Mets la main snr mon ecear Et vois comme il se trouble an nom de son vainqueur. (Ciil, 81.) Qui peut de son vainqueur iuieux parler que Tingiato? (Racine, Mithridate, 1028.)

341. Racine, se souvenant peut-être de Corneille, fait dire de même à M»- nirae :

De mes faibles efforts ma vertu se défie,

Je sais qu'en vous voyant un tendre souvenir

Peut m'arraelier iIm cœur quelque iiidiïue soupir.

Que je verrai mon -ime. en seoiet dêcliiroe.

Revoler vers le lieu dont elle est séparée [Mithridate, II, 6.)

347. Remarquez dans suivi d'un nom abstrait.

Tremble daîw ton amour, tremble dans ta fureur. {Héraclius, 1410.)

M. Godefroy, dans son Lexique, rappelle les vers de Thomas Corneille :

Bans ce que d'un mourant le ciel nous fait entendre,

C'est trop que d'accuser, songez à vous (lcfe;id]e. [Maxim., V, 6.)

348. Je ne m'assure pas de, c'est-à-dire je ne compte pas sur, je ne suis par »ôro de ma vertu ; vertu a plutôt ici le sens latin de force que celui d'honnêteté.

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