Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/268

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ui-même, il m’a tout dit.

Clariste
Qui, lui-même ?


Alcippe

Dorante.

Clariste
Dorante !


Alcippe

Continue, et fais bien l’ignorante.

Clariste
Si je le vis jamais, et si je le connoi… !


Alcippe

Ne viens-je pas de voir son père avecque toi ?
Tu passes, infidèle, âme ingrate et légère,
La nuit avec le fils, le jour avec le père !

Clariste
Son père de vieux temps est grand ami du mien.


Alcippe

Cette vieille amitié faisait votre entretien ?
Tu te sens convaincue, et tu m’oses répondre !
Te faut-il quelque chose encor pour te confondre ?

Clariste
Alcippe, si je sais quel visage a le fils…


Alcippe

La nuit était fort noire alors que tu le vis.
Il ne t’a pas donné quatre chœurs de musique,
Une collation superbe et magnifique,
Six services de rang, douze plats à chacun ?
Son entretien alors t’était fort importun ?
Quand ses feux d’artifice éclairaient le rivage,
Tu n’eus pas le loisir de le voir au visage ?
Tu n’as pas avec lui dansé jusques au jour ?
Et tu ne l’as pas vu pour le moins au retour ?
T’en ai-je dit assez ? Rougis, et meurs de honte !

Clariste
Je ne rougirai point pour le récit d’un conte.


Alcippe

Quoi ! je suis donc un fourbe, un bizarre, un jaloux !

Clariste