Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/304

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Et que sur son esprit vos dons fassent vertu,
Il court quelque bruit sourd qu’Alcippe s’est battu.


Dorante

Contre qui ?


Cliton

L’on ne sait, mais ce confus murmure
D’un air pareil au vôtre à peu près le figure,
Et, si de tout le jour je vous avais quitté,
Je vous soupçonnerais de cette nouveauté.


Dorante

Tu ne me quittas point pour entrer chez Lucrèce ?


Cliton

Ah ! Monsieur, m’auriez-vous joué ce tour d’adresse ?


Dorante

Nous nous battîmes hier, et j’avais fait serment
De ne parler jamais de cet événement,
Mais à toi, de mon cœur l’unique secrétaire
À toi, de mes secrets le grand dépositaire,
Je ne célerai rien, puisque je l’ai promis.
Depuis cinq ou six mois nous étions ennemis :
Il passa par Poitiers, où nous prîmes querelle ;
Et comme on nous fit lors une paix telle quelle,
Nous sûmes l’un à l’autre en secret protester
Qu’à la première vue il en faudrait tâter ;

Hier nous nous rencontrons, cette ardeur se réveille,
Fait de notre embrassade un appel à l’oreille,
Je me défais de toi, j’y cours, je le rejoins,