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greur et la sécheresse dans le développement des caiactères, le froideur dans les passions, la lenteur et la gaucherie de l'action, et enfin l'absence presque totale d'intérêt. Les femmes y sont de misérables caricatures ; je n'ai trouvé que l'héroïsme qui fûl traité heureu?ement, et encore cet élément, assez peu lécond par lui-même , est-il mis en œuvre avec beaucoup d'uniTormité. »
Kn citant ce jugement stupéfiant, Sainte-Beuve observe fort à propos qu'il ne faut point s'en étonner; car les Français eux- mêmes ont, pour ainsi dire, donné le ton aux étrangers : m Schiller ne dit guère rien de plus que ce qu'avait déjà écrit Vauvenar^ues^; le jeune saee, dans la franche ingénuité de son goût naturel, refusai t presque tout à Corneille »
Qui donc a raison, des admirateurs enthousiastes ou des dé- tracteurs systématiques, des Français du xvii« siècle ou des Français et des Allemands du xviir? Après avoir exposé tant d'opinions diverses, il est temps de faire connaître la nôtre.
��III
��Prenons garde de répondre à Tin justice de la critique par l'exagération de la louange. « Rodogune, écrivait M. Jules Janin', est la dernière de ces œuvres sublimes, et vraiment, à la relire, et surtout à l'entendre, on dirait volontiers de Pierre Corneille ce que l'historien latin disait de Jules César ^ : « 11 « était à une telle hauteur du reste des hommes, (|u'il se serait « passé lacilement des honneurs du triomphe.» Dans Rodogune, Corneille est effrayant et touchant tout ensemble, et facilement, grâce peut-être aux grandes tragédiennes qui représentèrent
��1. « Les héros de Corneille disent souvent de grandes choses sans les inspi- rer; ceux de Racine les inspirent sans les dire. Les uns parlent, et toujours trop, afin de se faire connaître; le» autres se font connaître parce qu'ils par- ent. Surtout Corneille parait ignorer que les grands hommes se carjtctériseut cuvent davantage par les choses qu'ils ne disent pas que par celles qu'ils disent. » (Réflexions critiques sur quelques poètes). Il faut dire, à la décharge ie Voltaire, que, tout en louant Vauvenargues do préférer Racine à Corneille, il défend contre lui une scène i^Horace, deux du Cid, ubu grande partie de Cinna et de Polyeucle et « la moitié du dernier acte de liodogune. »
%. iXolice sur Corneille. L'anteur se trompe, après Voltaire, sur la date d* la représentation de Rodogune qu'il place en 1646.
3. Ciesar tanlui erat, Ht potset iriumplio» conlemnere (FloruSt VFf.
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