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AVERTISSEMENT. 65

toire, loutes les circonstances, ou, comme je viens de le? nommer, les aclieniinements, étaient en notrp pouvoir; au moinsj*^ ne pense point avoir vu rie rèi;lo qui restreigne celle liberlé que j'ai prise. Je m'en suis assez bien trouve en celle iragédie; mais comme je l'ai poussée encore plus loin dans Hcrnclius, que je viens de mettre sur le tliéàtre, ce sera en le donnnnt ;iu public que je lâcherai de la jusli6er, si je vois que les savants s'en ofl'enseiU ou que le peuple en murmure. Ce[)endanl ceuK qui en auront quelque scrupule m'obligeront de cunsidérer les deux Éleclres de Sophocle et d'Iuripide, qui, conservant le même eff^t, y parviennent par des voies si diliérenles qu'il faut néces- sairement conclure que l'une des deux est tout à fait de l'inven- tion de son auteur. Ils pourront encore jeler l'œil sur Vlphi- génie in TavTis^, que notre Aristote nous donne pour exemple d'une parfaite tragédie et qui a bien la mine d'être toute de même nature, vu qu'elle n'est fondée que sur cette feinte que Diane enleva Iphigénie du sacriGce dans une nuée etsupiiosn une bictie en sa place. Enfin, \\i pourront prendre garde à VHelêne d'Euripide, où la principale action et les épisodes, le nœud et le dénouement sont entièrement inventés sous des noms véritables.

Au reste, si quelqu'un a la curiosité de voir cette histoire plus au long, qu'il prenne la peine de lire Justin, qui la com- mence au trente-sixième livre, et, l'ayant quittée, la reprend sur la fin du trente-huitième et l'achève au trente-neuvième. Il la rapporte un peu autrement et ne dit pas que Ciéopàtre tua son mari, mais qu'elle l'abandonna et qu'il fut tué par le com- mandement d'un des capitaines d'un Alexandre qu'il lui oppose. Il varie aussi beaucoup sur ce qui regarde Tryphon et son pupille, qu'il nomme Anliochus, et ne s'accorde a\ec Appian que sur ce qui se passa entre la mère et les deux fils.

Le premier livre des Machnbées, aux chapitres xi, xin, xiv et XV, [)arle de ces guerres de Tryphon et de la prison de Démé- trJus chez les Parlhes;mais il nonmie ce pupille Antiochus, ainsi que Justin, et attribue la défaite de Tryphon à Antiochus, fils de Demétrius, et non pas à son fière, comme fait Appian, que j'ai suivi, et ne dit rien du reste.

Josèphe, au treizième livre des Antiquités judaïques, nomme encore ce pupille de Tryphon Antiochus, fait marier Ciéopàtre à Antiochus, frère de Demétrius, durant la captivité de ce pre- mier mari chez les Parthes, lui attribue la défaite et la mort de Tryphon, s'accorde avec Justin touchant la mort de Demétrius, abandonné et non pas tué par sa femme, et ne parle point de ce qu'Appian et lui rapportent d'elle et de ses deux fils, dont j'ai fait cette trasrédie.

��1. V Iphigénie en Tanride, qu' Aristote ne donne pas d'ailluur» f pour esem- ple d'une parfaite tragédie »

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