Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

96 RODOGUNE.

Ce que j'ai dû de haine à de tels attentats :

J'oublie, et pleinement, toute mon aventure;

Mais une grande offense est de cette nature, 320

Que toujours son auteur impute à l'offensé

On '/il' ressentiment dont il le croit blessé.

Et, quoiqu'en apparence on les réconcilie,

Il le craint, il le hait, et jamais ne s'y fie.

Et, toulours alarmé de cette illusion, 32'»

Sitôt qu'il peut le perdre, il prend l'occasion :

Telle est pour moi la Reine.

LAONICK.

Ah! Madame, je jure Que par ce faux soupçon vous lui faites injure Vous devez oublier un désespoir jaloux

Où força son courage un infidèle époux. 330

Si, teinte 'le son s^ng et toute furieuse, Elle vous traita lors en rivale odieuse, L'impétuosité d'un premier monvement Eno;agpait sa \en2;eance à ce dur traitement; Il fallnit un prétexte à vaincre sa colère, 33')

Il y fallait du temps, et, pour ne rien vous taire.

��319. Aventurr est un des mots dont le sens s'est le plus affaibli ; il pouvait autrefois s'appliquer sans faiblesse au tragique combat des Horuces ei des Curiaces {Hor., IV, u). Aujourd'hui, en ce sens, il a besoin d'être fortifié d'une épithi'te pour n'être pas indigne du langage relevé.

320. f Rudogune se plaignant de Clu^opâtre, et exprimant ce qu'elle craint d'un tel caractère, ferait bien plus d'effet qu'une dissertation. Peut-être que Corneille a voulu préparer un peu, par ce ton politique, la proposition atroce que fera Rodogune à ses amants; mais aussi toutes ces sentences, dans le goût de Machiavel, ne préparent point aux tendresses de l'amour et ?. ce caractère d'innocence timide que Rodogune prendra bientôt. » (Voltaire.) Il semble que Voltaire, dans la première partie de cette note, ait entrevu le caractère véri- table de Rodogune, pour le perdre ensuite de vue, égaré par quelques vers

. d'amour comme les héroïnes les moins doucereuses de Corneille s'en permet- tent quelquefois, s,<ns croire démenflr leur caractère. Voyez dans l'Introduc- tion l'opiuion de M"" Clairon.

322. Blessé, atteint, offensé ; voyez dans un sens analogue, mais appliqué plus spécialement à l'amitié et à l'amour, ce même mot aux vers 108, 1366, 1461.

'330. Sur où et courage pris dans ce sens, voir les notes des vers 165 et 155. On trouvera peut-être que Voltaire s'échaufie bien mal à propos et qu'il n'y a pas là tant de « barbarismes », tant de « solécismes intolérables ». Quant à forcer, synui yme de coniraindre, réduire d, ce n'en est pas, que nous sachions, le seul exemple.

332. Larx pour alos : « Ixn's, selon Vaugelas (Remarquea, p. 225), ne se dit jamais qu'il ne soit suivi de que. s'il n'est précédé de l'une des deux particules dès ou pour : dès lors, pour lors. Corneille semble avoir eu le dessein de se conlormor à cette règle en commençant la revision de ses premières pièces; mais ses scrupules, s'il en a eu, se sont bientôt dissipés. » (M. Marty-Laveaux.)

335. Vnr. * Il fallait un prétexte à s'en pouvoir dédire;

La paix vient de le faire, et, s'il vous faut tout dire...»

(1647-^).

A, dans le sens de pour; voyez les v. 1189 et 734.

�� �