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Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/461

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ACTE II, SCÈNE IIU 11»

Ce doux espoir du trône aussi bien que le jour :

Le récit nous en charme, et nous fait mieux comprendre

Quelles grâces tous deux nous vous en devons rendre;

Mais, ;ifin qu'à jamais nous les puissions bénir,

Épargnez le dernier à notre souvenir : 590

Ce sont fatalités riont l'âme embarrassée

A plus qu'elle ne veut se voit oouvent fore>^

Sur les noires couleurs d'un si triste tableau

Il faut passer l'éponge, ou tirer le rideau :

Un fils est criminel quand il les essmine j 595

Et, quelque suite enân que le ciel y destine,

��très étendua, ioaTent trè» énergique. Le «en», à n'en pw doritsr, Mt drinc olui-ci : C'est grâce à cet amour, nous le Bavons, grâce à Totre sollicitad*, qu nous avons le droit d'espérer aujourd'hui le t<^ne. La première édition port* : eette amour. 591. I 11 faudrait au moins 'tes fatalités. Mais d-s fatalités dont l'âme est embarrassée I Uno femme qui débute sans raison par avouur à ses enfants qu'elle a tué leur père, doit leur causer plus que de l'embarras. » Cette double obserta- tion de Voltaire repose sur uno double erreur grammaticale ; la tournure ee sont falalitéi est loin d'être rare, témoin ce vers do Molière {Fcimnet savantes, III, i) :

Ce sont eharmes i>our moi que oe qui part de vous.

Quant au mot embarrassée, il n'est pas si faible, i moins qu'on ue trouve faible la vers A'Alhalie II, vii) :

Quel prodige nouToau me trouble et m'embarrasse ?

Mais le terme est pris dans son sens le plus juste et la plut ordinaire II ne s'agit pas ici, comme le croit Voltaire, de cet < embarras > des deux frères dont Corneille parle encore dans .son Examen,ma.K de la fatalité qui aentravé, tyran- nisé Cléopâtre, qui l'a entraînée plus loin qu'elle n'a voulu, qui lui a àXé, pour ainsi dire, l'usage de sa liberté, et sa rs. ?onsabilité par suite. Cest là ce qu'Antio- chus Teut oublier. La forme doni, par lesquelles, et non desquelles, a pu contri- buer à la méprise de Voltaire; nous avons vu qu'il la comprenait mal d'ordi- naire.

591. Un les deux termes de l'alternative est de trop; mais ces métaphores sont-elles si triviales, siindignosdu stylo tragique t Celte comparaison del'éponge, qui choque tant le .goût délicat de Voltaire, venait de l'usage où étaient jadis les copistes d'effacer avec l'éponge sur le parchemin, lundis que l'encro était encore fraîche, les fautes qu'ils avaient laissé échapper. C'est M. Many-Laveaux qui nous l'apprend, et il cite des exemples empruntés aux écrits sacrés de l'abbé de la Trappe et de l'évêque Gudeau. M. Littré y joint des phrases analogues de Bossuet, Saint-Simon, Montesquieu. « Dans les éloges qu'on entreprend de la plupart des hommes extraordiaaires, dit Massillon, on est obligé de tirer le rideau sur les premières années de leur vie » {Oraison funèbre de Villeroy.) « Je tire le rideau sur vos torts, » écrit M" de Sévigné à Buisy (13 novembre ICST), et aiUeurs : « Cet endroit qui fait trembler, qui fait qu'on tire les rideaux, qu'on

asse des éponges , il s'y jeta, lui , à corps perdu. » Cest de Bourdaloue que

parle ainsi la marquise, se souvenant peut-être de son vieux Corneille; cet endroit où BouriUloue appuie avec une brutale insistance, que Bossuet effleure d'une main si discrète, c'est la révolte de Coadé. De pareils rapprochements n'ont rien qui puisse faire tort au vers énergiquement familier de Corneille.

590. « Le ciel qui destine une suite! « (Voltaire.) Nous avons déjà rencontré le mot suite pris dans cette accepiion très précise (v. 475). Quant à destiner, le sens en est très clair : quelque suite que le destin réserve .t ces malheureux évé- nomenis. Au xvii' siècle, on employaitmAmecommuaémeot<(«J«ti'>';pot(r,oomme au vers MIS de Rodogun*.

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