Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/474

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t'i» HODOGUINE.

LAONICE.

Et VOUS voyez, madame, Quelle fidélité vous conserve mon âme, El qu'ayant reconnu sa haine et mon erreur, Le cœur gros rie soupirs, et frémissant d'horreur, 770

Je romps une foi due aux secrets de ma reine, Et vous viens découvrir mon erreur et sa haine.

RODOGONE.

Cet avis salutaire est l'unique secours

A qui je crois devoir le reste de mes jours.

Mais ce n'est pas assez de m'avoir avertie : 775

Il faut de ces périls m'aplanir la sortie;

Il faut que tes conseils m'aident à repousser...

LAO MCE.

Madame, au nom des dieux, \euillez m'en dispenser;

C'est assez que peur vous je lui sois infidèle,

Shus m'engager encore à des conseils contre elle. 780

Oronte est avec vous, qui, comme ambassadeur,

Devait de cet hymen honorer la splendeur;

Comme c'est en se> myins que le roi votre frère

A déposé le soin d'une tète si clière ,

Je vous laisse avec lui pour en délibérer. 785

��T74. A qui, ponr auquel, condamné par Vaugelas {Remarques, p. 55), a été condamné, après lui, dit M. Marty-Laveaux, par tous les grammairiens. « Mais, s'ils sont unanimes à proclamer cette règle, nos grands écrivains ne l'ont pas été moins à l'enfreindre. * — « Qui, dit M. Chassang, s'est employé pour les choses, dans le sens neutre, jusqu'au xvu' siècle; il était alors plus voisin de son étymologie, quid. » (Grammaire française, Cours supérieur, p. 285.) M. Littré en cite mdme des exemples empruntés aux xvin* et xix" siècles.

T76. Sortie a ici le sens figino du latin exitus; la sortie du péril est une locution particulière à Corneille.

"780. Il semble qu'au vers T77 conseil soit pris dans son sens ordinaire et qu'ici, au contraire, il ait la signification du latin consiliwn, comme au v. 16T ; sans m'engngn- à vous donner des conseils contre ses intéréls, se comprend moins sous cette forme elliptiqua que, sans m'engager dans des résolutions prises contre elle.

782. « Cet Oronte, qui, comme ambassadeur, derait honorer la splendeur d'un hymen et qui ne dit pas un mot, joue dans cette scène un bien mauvais personnage; mais une conlidento qui dit le secret de sa maîtresse en joue un plus mauvais encore. C est un moyen trop petit, trop commun dans les comé- dies. » (Voltaire.) Narcisse trahissant Britannicus au profit de Néron n'a rien de comique; s'il disparaît, la tragédie n'existe plus. Il est vrai que Laonice est loin de jouer un rôle aussi important, et que son caractère est loin d'être aussi odieux. Mais elle aussi, nous venons de le voir, n'est pas inutile à l'action; si elle trahit sa maîtresse, c'est que cette maîtresse est Cléopàtre. Sur le c r»ctère de Laonice, voyez l'Introduction.

'/84. Cette locution, une tète si chère, oîi tète se prend pour la personne elle- même, se retrouve dans le Cid (v. 1198 et 1726), et dans Théodore (v. 231.J Racine a dit :

J'ignore le de.tUa d'une tête si ohèru

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