Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/501

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III, SCENE VI. iSS

Sauver l'une dp l'autre, cL peiil-Mio leurs coups, <<06

Vou- trouvant au milieu, ne perceront i|ue \ous ■

C'est ce qu'il faut pleurer. Ni maîtresse ni mèrf

N'ont plus de choix ici ni de lois à nous faire;

Quoi que leur rage exige ou de vous ou de moî,

Rodogune est à vous, puisque je vous fais roi. 4440

Épargnez vos soupirs près de l'une et de l'autre.

J'ai trouvé mon bonheur, saisissez-vous du vôtre :

Je n'en suis point jaloux, et ma triste amitié

Ne le verra jamais que d'un œil de pitié.

��SCENE VI.

ANTIOCHUS.

Que je serais heureux si je n'aimais un frère! 4415

lorsqu'il ne veut pas voir le mal qu'il se veut faire,

Mon amitié s'oppose à son aveuglement :

Elle agira pour vous, mon frère, également,

Et n'abusera point de cette violence

Que l'indignation fait à votre espérance. 1420

La pesanteur du coup souvent nous étourdit :

��1108. Var. « Si je ne prétends plus, n'ont plus de choix à faire ; Je leur ùte le droit de vous faire la loi .i (1647-56). « Il veut dire : Nous n'avons plus à choisir entre Cléopàire et Rodogune. IS'ont plus de ch'iix, dans le sens qu'on lui donne ici, n'est pas français. » (Vol- taire.) • Ce n'est point là du tout la pensée de Séleucus ; il veut dire : Ni Cléopâtre ni Rodogune n'ont plus désormais à choisir entre nous, puisque je vous fais roi et que je vous cède Rodogune. Ce ne peut être que par distraction que Voltaire lui prête ici un sens si opposé à celui de Corneille. • (Pa- lissot.^

1110. « Lorsqu'on prend la résolution de renoncer à un royaume, un si grand effort doit-il être si soudain ? Fait-il une grande impression sur les spectateurs, surtout quand cette cession ne produit rien dans la pièce? » (Vol- taire.) Elle causera en partie la mort de Séleucus, et, par là, préparera la si- tuation du cinquième acte. Celte disparition, désormais inévitable, de Séleucus nous touchera d'ailleurs d'autant plus que son désintéressement nous aura ins pire plus d' stime pour lui.

1120. Cette violence faite à une espérance n'est pas une expression fort claire, Voltaire a raison de l'observer ; mais l'idée se comprend sans peine. Antiochus »eut dire que l'indignation de Séleucus a étouflé violemment son amour, mais que cette violence qu'il se fait pourrait être éphémère, et qu'il n'abusera pas d'une résolution aussi précipitée. Par cette délicatesse, il se montre le digne émule de son frère.

1121. « Antiochus perd là dix vers entiers à débiter des sentences; est-ce l'occasion de disserter, de parler de malades qui ne sentent point leur mal, et d'ombres de santé qui cachent mille poisons ? On ne peut trop répéter que la yéiitable tragédie rejette toutes les dissertations, toutes les comparaisons, tout ce qui sent le rhéteur, et que tout doit être sentiment, jusque dans la raison-

�� �