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Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/534

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188 RODOGUNE.

J'en reoeyrai le coup d'un visage remis :

Il est doux de périr après ses ennemis,

Et de quelque rigueur que le destin me traite, 4535

Je perds moins à mourir qu'à vivre leur sujette.

��de déopâtre. M. Genizez dit, ayec plus de chaleur : « Ce couplet tout entier est de la plus grande beauté, et nulle part le pinceau de Corneille n'a été plus sûr et plus énergique. Cyrano de Bergerac a imité ce vers dans soi> Agrippine :

Périsse Tuniveri, pourvu que je me venge I »

Comme le fait remarquer M. Littré, le ciel autrefois était supposé solide; de 1 \ cette expression qui n'a rien d'exceptionnel :

Souffrez que ma vertu dans mon cœur rappelée Vous coiisacie une foi lâchement violée. Mais si ferme à présont, si loin de chanceler Que la chute du ciel ne pourrait l'ébranler.

[Cinna,

Qui ne connaît les vers d'Horace sur le juste impassible :

Si fracius illahatnr orbis, Impavidum ferlent ruinœ.

[Odes, HI, III.I

1533. /ternis, venant de remissus, reposé, tranquille :

Pour venger un affront tout semble être permis Et les occasions tentent les plus remin.

[Pohjeucte, V. 1040.,

M. Littré, qui constate que ce sens vieillit, cite les vers de Régulier

Tout courtois il me suit, et d'un parler remis : Quoi, monsieur, est-ce ainsi qu'on traite ses amis?

(Satire X.)

Bossuet a dit aussi « une contenance remise et posée ».

1-^34. Douze ans avant Rodogune, dans son Hercule rnoura^U (1632), Rotrou avait écrit :

On se perd doucement quand on perd ce qu'on hait.

Et qui tue en mourant doit mourir satisfait... |I1, ui , .

1535. Traiter de pour traiter avec; on trouve dans Médée et Polyeucii « traiter de mépris .. traiter d'entière confidence... » (c'est-à-dire avec une en- tière confiance), et dans V Imitation t traiter d'oubli.» Molière a dit aussi :

Et traitant de mépris les sens et la matière,

A l'esprit, comme nous, donnei-vous tout entière.

[Femmes savante», I, l.|

1536. Var. « Mourir est toujours moins que vivre leur sujette » (1647-56) lotrou, qui est souvent l'écho, un peu affaibli, de Corneille, a repris ceit pensée dans un assez beau vers :

On ne peut mieux tomber du trône qu'au eereueil.

[CosruH, T. 54.)

Quant au ver» de Corneille, il résume à merveille un monologue ofi les apos- trophes sont peut-être trop prodiguées, mais qu anime, d'un bouta l'autre, ui souffle cornéliou, et qui d'ailleurs est nécessaire. Cornuille, avant de montrer

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