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SUR DON SANCHE D'ARAGON lôo

ses rivaux, lui rendre hommage. Ici eucore, c'est don Lope, tou- jours galant homme, qui prend les devants :

D. LOPE.

Recevez, comme roi, notre premier hommage.

��Comtes, ces faux respects dont je me vois surpris

Sont plus injurieux encor que vos mépris.

Je pense avoir rendu mon nom assez illustre

Pour n'avoir pas besoin qu'on lui donne un faux lustre.

Reprenez vos honneurs où je n'ai point de part.

J'imputais ce faux bruit aux fureurs du hasard,

Et doutais qu'il piit être une àme assez hardie

Pour ériger Carlos eu roi de comédie :

Mais puisque c'est un jeu de votre belle humeur.

Sachez que les vaillants honorent la valeur,

Et que tous vos pareils auraient quelque scrupule

A faire de la mienne un éclat ridicule.

Si c'est votre dessein d'en réjouir ces lieux.

Quand vous m'aurez vaincu, vous me raillerez mieux :

La raillerie est belle après une victoire;

On la fait avec grâce aussi bien qu'avec gloire.

Mais vous précipitez un peu trop ce dessein :

La bague de la reine est encore en ma main ;

Et l'inconnu Carlos, sans nommer sa famille.

Vous sert encor d'obstacle au trône de Castille.

Ce bras, qui vous sauva de la captivité.

Peut s'opposer encore à votre avidité.

D. MAXRIQUE.

Pour n'être que Carlos, vous parlez bien eu maître, Et tranchez bien du prince, en déniant de l'être.

Pour cette fois , don Manrique a raison. La réponse de Carlos est admirable d'ironie vaillante et de fierté; mais toujours et par- tout il parle en maître plus qu'en sujet. Graduellement le poète nous achemine à la reconnaissance inévitable. C'est ainsi que, dans l'entretien de Carlos et de sa mère, la reine dépossédée d'Aragon, le loyal soldat de fortune nie qu'il soit don Sanche, et pourtant avoue qu'il a des ambitions au-dessus de sa naissance, des élans involontaires qu'il ne s'explique pas :

Car enfin, je suis vain, et mon ambition Ne peut s'examiner sans indignation; Je ne puis regarder sceptre ni diadème,

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