Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/186

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^* NICOMÈDE

jieuvenL être sincères' », el « la faiblesse est plus opposée à la verlu que le vice^ », mais les brusques colères et les réso- lutions féroces. « On est souvent ferme par faiblesse et auda- cieux par timidité^; » Corneille le savait aussi bien que La Ilocliefoucauld, et avant lui. Ce monarque asservi a son amour-propie encore, ses prétentions à l'habileté diploma- tique, à la toute-puissance même. Ke peul-il pas tout sur Laodice, par exemple? et ne fait-il pas sur elle, au troisième acte, l'essai malheureux de cette inlluence qu'il croit iri'ésis- tibie? Comme il juge Laodice d'après lui-niènie, il est mala- droit et brutal à souhait dans cette négociation délicate. Ile- poussé, humilié, il menace et s'emporte. De même, au qua- trième acte, il entreprend d'amener Mcomède à un compro- mis, qu'il juge acceptable et que Nicomède juge déshonorant. Mais il parle et ne peut parler qu'en Prusias, poui' qui le pou- voir royal vaut bien d'être acheté, même au prix d'une bas sesse. De là son indignation quand Nicomède préfère Laodifc ; de là cette arrestation soudaine; de là ces menaces sanglan- tes du cinquième acte. Prusias est menacé dans son pouvoir, Prusias a peur : on peut tout craindre de lui.

Mais Prusias féroce, implacable dans sa vengeance, seiait sinistre après avoir été vil. Il y aurait, non pas contradiclion absolue, mais évolution trop brusque et opposition trop net- tement tranchée. Le poète a maintenu dans les régions tem- pérées ce caractère, dont le grand mérite est de se soulcnir jusqu'au bout dans une parfaite médiociilé. A l'heure même où il pourrait devenir terrible, il est ridicule. Le père serait facilement odieux, le mari n'est que plaisant. Son autorité est méconnue, son palais assiégé; lui cependant se pâme d'aise devant les ingénieux stratagèmes que propose Arsinoé ; il admire naïvement et veut qu'on admire avec lui :

Ahl j'avouerai, Madame, Que le Ciel a versé ce conseil dans votre âme. Seigneur, se peut-il voir rien de mieux concerté * ?

Mais le stratagème d' Arsinoé avorte; Nicomède est vain- queur : grand sans doute va être l'embarras de Prusias? Point : il regarde Arsinoé; Arsinoé se déclare vaincue, voilà

��1. La Rochefoucauld, Maximes, cccxvi.

2. Ibid., CDiLV.

3. Ibid., II.

4> Nicomède, V, 5.

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