Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCÈNE II

SCÈNE II. LAODICE, NICO.MÈDE, ATTALE.

��Quoi! Madame, toujours un front inexorable!

Ne pourrai-je surprendre un regard favorable, 120

Un regard désarmé de toutes ces rigueurs.

Et tel qu'il est enfin quand il gagne les cœurs ?

LAODICE.

Si ce front est mal propre à m'acquérir le vôtre,

fit voir qu'il ne doit pas être reconnu par son frère avant d'avoir parlé au roi. Il semble que isiconiede veuille seulement se préparer ici le plaisir d'embarras- ser son frère, et que l'auteur ne songe qu'à ménager une de ces si-ènes thnàtra- les. » (Voltaire.) Il semble que la curiosité de Nicomède, si ce n'est que de la cu- riosité, soit assez naturelle ici : ce n'est pas seulement un frère qui se présente, c'est un rival ; et ce rival, ne le connaissant pas, va livrer ingénument tous les secrets de son âme, peut-être même ses ambitions cachées. Nicomède pourra l'étudier h loisir, car il ne faut pas oublier qu'Attale, lui aussi, est pour Nico- mède un inconnu. La révélation et l'opposition de ces deux caractères suffiraient h Pintérèt de cette scène.

110. « L'arrivée d'Attale. qui interrompt assez cavalièrement l'entretien de Laodice avec Nicomède, pour parler de son amour à cette princesse devant un homme qu'il n'a jamais vu et qu'il prend ensuite pour un valet, cette action, dis-je, n'est ni vraisemblable ni décente : n'est-elle pas d'autant plus extraordi- naire que Corneille se montre toujours très sévère sur les bienséances théâtrales? Ce qui m'élonne le plus, c'est qu'aucun critique n'ait remarqué cette faute, que j'estime incorrigible, à moins que Nicomède, des le commencement de la scène, ne s'éloigne un peu vers le fond du théâtre, et n'y revienne que par degrés, lorsqu'il s'agit de discuter ses intérêts personnels. » Lekain.) M. .Marty-Laveaiix observi- que ce jeu de scène, à la vérité indispensable, se devine facilement et pouvait être indiqué avec plus de simplicité.

121. Var. Un regard désarmé de tant d'Apres rigueurs. (lfiril-5B.)

Corneille dira plus tard dans Sertoriiis (III, 2) : u Le front désarmé de ce regard terrible. " Toute cette conversation, ou la galanterie raffinée prodigue les ma- drigaux, les ironies et les pointes, devait plaire aux contemporains, mais nous semble bien froide dans une telle situation. Lekain et Andrieux en coupent la plus grande partie.

123. E.it mal propre, est peu propre, n'est pas propre à. Mal a ici la valeur d'une négation. Cette locution, aujourd'hui détoitrnée de son vrai sens, était alors usitée dans la tragédie et la haute comédie.

Vons me trouvez mal propre à cette conadence. (Rodogune, I, t.)

Monsieur, je sais mal propre à décider la chose. (Misanthrope, I, 2.)

Le front, c'est l'air, la physionomie qui manifeste au dehors les sentiments du

cœur ; mais on jouera trop complaisamment pendant plusieurs vers sur ce front

et sur ce cœur. Le vôtre, votre cœur. Le vers pourrait être plus clair, et les vers

suivants manquent aussi de netteté : prendre un autre, un aut.re front, un autre

�� �