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2'0 NICOMÉDE

CLÉONE.

Vous me connaissez trop pour vous en mettre en peine.

��sont d'une nature à n'être conGés qu'à ceux qui doivent les seconder... Ces conli- ilences sont pardonnées aus passions : une jeune princesse pi'ut a\ouer à sa con- fidt^nte des sentiments qui écliappent à son cœur ; mais une reine politique ne doit faire part de ses projets qu'à ceux qui les doivent servir >■ (Voltaire.) C'est l'institu- tion même des confidents qu'attaque Voltaire, le poète classique à outrance. A moin? de mettre sous les yeus du spectateur la mort d'.\nnibal et tous les événements qui ont précédé l'ouverture de l'action, Corneill ■ devait nous les apprendre, et les confidents sont faits pour cette besogne utile. On peut avouer seulement, d'a- bord que la figure de Cléone est bien effacée, et que les confidents eux-mêmes peuvent être vivants, quand ils s'appellent Julie. Néarque et Stratonice ; ensuite, qu'Arsinoé montre ici gratuitement quelque forfanterie dans la scélératesse. Un Narcisse, chez Racine, sera plus discret. Mais, d'autre part, Arsinoé prend un vrai plaisir et met une sorte de coquetterie, à peu près comme le Félis de Po- lyexicte, à découvrir les ressorts cacliés de sa diplomatie, qu'elle croit infaillible. Comme Félix aussi, elle a la prétention de diriger les événements, et les événe- ments la trouveront désarmée. Pourquoi se hâterait-elle de prévenir Nicomède près du roi ? Elle est si sûre de son mari ! Cette reine politique, ajoute-t-on, ne devrait pas s'abandonner ainsi. Mais c'est qu'elle aussi, jeune encore auprès du vieux Prusias, a sa passion exclusive, celle du pouvoir. L'.\grippine de Racine n'est pas toujov rs adroite ; pourquoi le serait-elle davantage? En tous cas. l'inté- rêt de cette se ;ne est qu'elle s'y révèle tout entière. Nous avions besoin de la connaître, nous qui déjà connaissions Xicomcde, l.aodice, Attale, et par eux, d'a- vance, Prusias.

��FIN DU PREMIER ACTE

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