ACTE H, SCÈNE 111 2i3
Traitez cette princesse en reine comme elle est :
Ne touchez point en elle aux droits du diadème, 715
Ou pour les maintenir je périrai moi-même.
Je vous en donne avis, et que jamais les rois,
Pour vivre en nos États, ne vivent sous nos lois,
Qu'elle seule en ces lieux d'elle-même dispose.
PRUSIAS.
N'avez-vous, Nicomède, à lui dire autre chose? 720
NICOMÈDE.
Non, Seigneur, si ce n'est que la Reine, après tout, Sachant ce que je puis, me pousse trop à bout.
PRUSIAS.
Contre elle, dans ma cour, que peut votre insolence?
��Rien du tout, que garder ou rompre le silence.
Une seconde fois, avisez, s'il vous plaît, 725
A traiter Laodice en reine comme elle est:
C'est moi qui vous en prie.
��715. Var. Ne tonchez point en elle anx droits da diadème. (iCol-cu.)
717. Je votis en donne avis, et que... Sur ces deux régimes diîTcrents du même Terbe et cette rupture de construction, voyez la note du v. 18.
720. u Cette interrogation de Prusias, qui n'a rien dit pendant le cours de la scène, n'a-t-elle pas quelque chose de comique? "(Voltaire.) Eh bien, qu'iriiporto, si Corneille a voulu qu'elle le fût? Elle ne l'est pas absolument, d'ailleurs. « Cette intTrogation suffirait pour prouver que le but du roi, en se faisant rem- placer par son fils, était de le compromettre aui yeux des Romains : il voudrait un outrage plus direct. » (Aimé Martin.)
722. Pourquoi Voltaire olâme-t-il ici l'eipression qu'il loue chez Racine : Poussons d bout l'ingrat et tentons la fortune? {Bajazet, 1238.)
Ce vers n'est point si banal : c'est un nouveau trait de caractère Nicomède sent confusément qu'il s'est laissé trop poussera bout et a franchi les bornes; lui- même en donne aussitôt une preuve, en mêlant à cette querelle le nom de la reine Arsinoé, qui jusque-là y semblait étrangère. C'est une imprudence de plus. 11 veut se contenir et se taire, mais il ne peut se taire avant d'avoir lancé cette der- nière provocation. C'est qu'il n'a pas conscience du rôle qu'on lui fait jouer. Pru- sias, qui se possède davantage, feint de s'emporter, mais au fond est ravi du plein succès de sa ruse.
725. Aviser à. songer à, pourvoir à :
C'est à moi de choisir, c'est à voas d'aviser
A quel choix vos conseils doivent me disposer. {Pompée, 43 )
727. 11 On sent tout ce qu'ont de force ou de poids ces simples mots prononcés par le vainqueur de l'Asie, par l'idole du peuple et des soldats. Nicomède finit ■'entretien comme U l'a commencé. » (Naudet.)
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