ACTE IV, SCENE II 289
Qui soudain dans leur bouche a mis la vérité,
Qui vous a contre moi sa fourbe découverte, 1235
Qui vous rend votre femme et m'arrache à ma perte,
Qui vous a retenu d'en prononcer l'arrêt ;
Et couvrir tout cela de mon seul intérêt!
C'est être trop adroit, Prmce, et trop bien l'entendre.
��Laisse là Métrobate, et songe à te défendre : 1240
Pur"e-toi d'un forfait si honteux et si bas.
��de telles calomnies impunies. Mais le poète confond ici les calom'niateurs avec les calomnies. Corneille a dit ailleurs :
11 ne faut pas ainsi se jouei' îles couronnes :
On doit toujours respect au sceptre, à nos personnes. (Toison, 111, 1.)
Cette proposition inattendue de Nicomède est un coup droit porté à Arsinoé. I,a riposte est digne de l'attaque. On aurait tort de ne voir en Nicomède qu'un soldat impétueux, toujours prêt à faire blam; de son épée. Sans doute il dédaigne de se justifier; mais il a. lui aussi, sa diplomatie, qui, pourètre plus loyale, n'est pas moins habile que celle d'Arsinoé.
I:!3."). Voiui a sa fourbe découverte, vous a découvert sa fourberie. Le régime, sa fourbe (voyez, sur fourbe la note du y. 2!)!), est placé entre le verbe auxiliaire et le participe, avec accord du participe; c'était une construction ancienne et fa- milière, qui pourtant déjà tendait à disparaître :
Mon père est mort, Elvire, et la premièie i^pée
Dont s'est armé Koilrigue a sa trame coupée. {Cid, 798.)
Aucun étonnement n'a Icitr gloire flétrie. (Horace, 9GI.)
Un autre a trop longtemps votre place occupée. (Kolvou, Sœur, V, 5.)
1237. Vous a retenu d'en prononcer l'arrêt, vous a empêché d'en prononcer l'arrêt :
Vous-même, ètes-vous srtr que ce nœud la retienne
Û'ajouter, s'il le faut, votre perte à la mienne? [Othon, 389-90.)
« La crainte ne le retint point de déclamer contre le cardinal. » (La Roche- foucauld, Mémoires, i
t-23!). L'entendre équivaut à s'entendre en affaires, en politique, en ruses. Le est ici pris neutraleraent, pour: entendre la chose, s'y entendre, savoir s'y prendre.
Je pensais faire bien. — Oui, c'est fort bien l'cniemlre.
(Molière, Étourdi, I, 3.)
Il est assez plaisant de voir Arsinoé reprocher à Nicomède d'être trop habile. On sent qu'elle a été prise à l'improviste.
1240. u Ce discours est d'un prince imbécile : c'est précisément de Métrobate qu'il s'agit. Le roi ne peut savoir la vérité qu'en faisant donner la question à ces (ieuï misérables; et cette vérité, qu'il néglisre. lui importe inliniment. » (Vol- taire.) Il L'exclamation de l'rusias n'est pas d'ua imbécile, mais d'un juge pré- venu, qui ne veut pas être éclairé, qui ne veut pas trouver le coupable ou il est. » (Naudet.)
1241. /"urgre-^o/, justifie-toi. C'est le seul exemple que M. Marty-Laveaux cite de pwger employé pour justifier. Il en est de fort nombreux. Corneille dit : u purqer rxolve âme » [Polyeucte, 47), « pirç/er le cœur..., les passions » [Imita- tion, m, 4278 ; 1, 2291 . — Genest s'écrie, dans la pièce de Rotrou, qu'il est
Purgé de ses forfaits par l'eau du saint baptême. {Saint Genest, TV G.)
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