Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/308

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PRUSIAS.

Je règne donc, ingrat, puisque tu me l'ordonnes!

Choisis, ou Laodice, ou mes quatre couronnes.

Ton roi fait ce partage entre ton frère et toi ;

Je ne suis plus ton père, obéis à ton roi. 1330

NICOMÈDE.

Si vous étiez aussi le roi de Laodice,

Pour l'offrir à mon choix avec quelque justice,

Je vous demanderais le loisir d'y penser;

Mais enfin pour vous plaire, et iie pas l'offenser,

J'obéirai, Seigneur, sans répliques frivoles, 133o

A vos intentions, et non à vos paroles.

A ce frère si cher transportez tous mes droits, Et laissez Laodice en liberté du choix. Voilà quel est le mien.

PRUSIAS.

Quelle bassesse d'âme, Quelle fureur t'aveugle en faveur d'une femme? 1340

Tu la préfères, lâche! à ces prix glorieux Que ta valeur unit au bien de tes aïeux! Après cette infamie es-tu digne de vivre?

��Je crois que votre exemple est glorieux à suivre :

Ne préférez-vous pas une femme à. ce fils 134;

Par qui tous ces Etats aux vôtres sont unis?

PRUSIAS.

Me vois-tu renoncer pour elle au diadème?

NICOMÈDE.

Me voyez-vous pour l'autre y renoncer moi-même?

��1335. Frivoles a ici le sens de superflues, qu'il a souvent < hcz Corneille.

1340. Var. Quelle fureur t'avengle en vertu d'une femme? (1631-52 A.)

Au V. 1176, on a déjà vu fureurdans le sens de folie. Dit p:irPrusias, si aveugle lui-même en faveur d'Arsinoé, ce mot fait sourire.

1343. .( Prusias ne doit point traiter son fils de lâche ni lui dire qu'il est iridi- gne de vivre après cette infamie : il doit avoir assez d'esprit pour entendre ce que lui dit son fils, et ce que ce prince lui explique bientôt après. » (Voltaire.) — « Pru- sias est qiiinteus et violent, il ne mesure pas ses paroles. .\ ses yeux, c'est une lâcheté, c'est une infamie que de ne pas tenir au titre de roi à tout prix. » (Nau- dct.) Puis il n'est pas fâché de découvrir et de signaler cette faiblesse en Nicomède,

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