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SÛR OEDlPË 367

Sophocle imité, de bien loin, par l'auteur du Dictionnaire phi- losophique, voilà l'Œdipe de Voltaire. Les maximes y abondent :

On est plus criminel quelquefois qu'on ne pense... Des lois que nous suivons la première est l'honneur... L'amitié d'un grand homme est un bienfait des dieux... ...Comme à. l'intérêt l'âme humaine est liée, La vertu qui n'est plus est bientôt oubliée,.. La jeunesse imprudente aisément se trahit... ...L'extrême injustice est une extrême injure.

Sans être cornélien à l'excès, on peut juger que V Œdipe de Cor- neille est au moins l'égal de VOEdipe de "Voltaire. C'est ce que pensait l'abbé Pellegrin, singulier personnage qui avait ouvert à Paris « une manufacture d'épigrammes, de madrigaux, d'é- pithalames, de compliments, qu'il vendait plus ou moins, selon le nombre des vers et leur différente mesure • ». C'est de lui qu'on avait dit :

11 dîne de l'autel, et soupe du théâtre.

Mais il ne dîna pas de l'autel fort longtemps : car le cardinal de Noailles, après l'avoir mis en demeure d'opter entre l'Église et l'Opéra, l'interdit. C'était, d'ailleurs, un fort honnête homme. A propos de la reprise qu'on fit en 1729 de VŒdipe de Corneille, il écrivit une Dissertation où VŒdipe de Voltaire était fort mal- traité 2. On cite également une Dissertation critique sur l'Œdipe de Corneille, publiée dès 1709, dans le Mercure, par M"e Bar- bier, dix ans avant le triomphe de Voltaire. Mais l'abbé Pelle- grin pourrait bien en être l'auteur encore, s'il est vrai, comme on l'a cru, que M^ Barbier n'ait été le plus souvent que sou prête-nom. Enfin, l'on peut consulter une autre étude com- parative de Gaillard (1806) ^, qui embrasse tous les Œdipes , depuis VŒdipe de Sophocle jusqu'à VŒdipe chez Admète de Duels.

En somme, il n'y a qu'un Œdipe, et c'est VŒdipe grec, dont M. Jules Lacroix a donné une traduction libre, jouée auThéâtre-

1. Anecdotes dramatiques, t. III.

2. Dissertation sur VŒdipe de Voltaire et aw celui de M . de Corneille, par M. le chevalier de... à Mme la comtesse de...

3. Mélanges académiques, poétiques, littéraires, t. [II; Paris, AgRsse, 180G.

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