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SUR SERTORIUS 417

��SERTORIUS.

Souffrez, après ce mot, que je meure à vos pieds. J'y veux bien immoler tout mon bonheur au vôtre; Mais je ne vous puis voir entre les bras d'un autre, Et c'est assez vous dire à quelle extrémité Me réduit mon amour que j'ai mal écouté.

Bien qu'un si di^ue objet le rendit excusable. J'ai cru honteux d'aimer quand on n'est plus aimable; J'ai voulu m'en défendre à voir mes cheveux gris, Et me suis répondu longtemps de vos mépris. Mais j'ai vu dans votre ànie ensuite une autre idée, Sur qui mon espérance aussitôt s'est fondée ; Et je me suis promis bien plus qu'à tous vos rois, Quand j'ai vu que l'amour n'en ferait point le choix. J'allais me déclarer sans l'offre d'Aristie : Non que ma passion s'en soit vue alentie ; Mais je n'ai point douté qu'il ne fût d'un grand cœur De tout sacrifier pour le commun bonheur. L'amour de Perpcuna s'est joint à ces pensées; Vous avez vu le resle et mes raisons forcées. Je m'étais figuré que de tels déplaisirs Pourraient ne me coûter que deux ou trois soupirs ; Et, pour m'en consoler, j'envisageais l'estime Et d'ami généreux et de chef magnanime : .Mais, près d'un coup fatal , je sens par mes ennuis Que je me promettais bien plus que je ne puis. Je me rends donc. .Madame; ordonnez de ma vie : Encor tout de nouveau je vous la sacrifie. Aimez-vous Perpenua?

��Je sais vous obéir, Mais je 7ie sais que c'est d'aimer ni de haïr; Et la part que tantôt vous aviez dans mon âme Fut un don de ma gloire, et non pas de ma flamme ; Je n'en ai point pour lui, je n'en ai point pour vous ; Je ne veux point d'amant, mais je veux un époux, Mais je veux un héros, qui par son hyménée Sache élever si haut le trône où je suis née, Qu'il puisse de l'Espagne être l'heureux soutien Et laisser de vrais rois de mon sang et du sien.

Je le trouvais en vous, n'eût été la bassesse Qui pour ce cher rival contre moi s'intéresse, Et dont, quand je vous mets au-dessus de cent rois, Une répudiée a mérité le choix.

Au tome IV du Molière des Grands Ecrivains, éd. Mesnard, on peut voir toute une dissertation sur les origines de ce mot. A nos yeux, Corneille nel'a pris nulle part, et Molière l'a pris à Corneille.

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