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SUR SERTOUIUS 419

Nous pouvons nous y faire un assez beau destin,

Sans ciiercher d'autre gloire au pied de l'Aveutin.

Affranchissons le ïage, et laissons faire au Tibre.

La liberté n'est rien quand tout le monde est libre;

-Mais il est beau de l'être, et voir tout l'univers

Soupirer sons le joug et gémir dans les fers;

11 est bi'au d'étaler cette prérogative

Aux yeux du Rliôue esclave et de Rome captive;

Et de" voir envier aux peuples abattus

Ce respect que le sort garde pour les vertus.

QuMut au grand Perpenna, s'il est si redoutable, Permettez-moi le soin de le rendre traitable : Je sais l'art d'empêcher les grands cœui's de faillir.

��Mais quel fruit pensez-vous en pouvoir recueillir?

Je le sais comme vous, et vois quelles tempêtes

Cet ordre surprenant formera sur nos têtes.

Ne cherchons point, Madame, à faire des mutins,

Et ne nous brouillons point avec nos bons destins.

Rome nous donnera sans eux assez de peine,

Avant f(ue de souscrire à l'hymen d'une reine;

Et nous n'en fléchirons jamais la dureté,

A moins qu'elle nous doive et gloire et liberté.

��Je vous avouerai plus, Seigneur; loin d'y souscrire,

Elle en prendra pour vous une haine où j'asjiire,

Un courroux implacable, un orgueil endurci;

Et c'est jiar où je veux vous arrêter ici.

Qu'ai-je à faire dans Rome? et pounpioi, je vous prie.

��Mais nos Romains, Madame, aiment tous leur patrie; Et de tous leiu's travaux l'unique et doux espou", C'est de vaincre bientôt assez pour la revoir.

��Pour les enchaîner tous sur les rives du Tage,

Nous n'avons qu'à laisser Rome dans l'esclavage ;

Ils aimeront à vivre et sous vous et sous moi,

Tant qu'ils n'auront qu'un choix d'un tyran ou d'un roi.

��lis ont pour l'un et l'autre une pareille haine, Et n'obéiront point au mari d'une reine.

��Qu'ils aillent donc chercher des climats à leur choix, Où le gouvernement n'ait ni tyrans ui rois.

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