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RELATION

sommes certains de l’existence de tous ceux qui ont suivi le brave Goffin, et le moment de leur résurrection ne pouvant être éloigné, nous allons rapporter ce qui s’est passé dans l’intérieur, d’après les déclarations naïves que nous avons reçues, et auxquelles nous ne changerons que ce qui est absolument indispensable pour les rendre intelligibles.

Détail des faits qui se sont passés dans l’intérieur.

Nous avons laissé Goffin au milieu de mineurs qu’il a rassemblés près le bure d’Airage, lorsque tout espoir de salut par le bure Beaujonc était enlevé.

Quelques ouvriers demeurèrent pour juger du progrès des eaux, les autres se portèrent sur l’amont pendage[1], où ils arrivèrent dans l’état le plus déplorable. Les enfans répandaient des ruisseaux de larmes ; ils pressaient Goffin. « Cher maître, lui disaient-ils, par où sortirons-nous ? Mon Dieu ? se peut-il que nous devions mourir si jeunes ! » Goffin leur impose silence et les rassure en leur promettant qu’ils échapperont tous. Aussitôt il distribue son monde dans les différentes montées, depuis la quatrième jusqu’à la septième, se communiquant toutes par la roisse. Les mineurs les plus robustes et les plus courageux sont choisis, et il les mène à la septième montée pour y entreprendre une tranchée et se frayer une issue, dans

  1. Partie élevée et inclinée.