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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

et plus scrupuleux que son compagnon, il ne voulut point d’abord accéder à un pacte qu’il craignait de ne pouvoir exécuter. Mais voyant que les Maures se décidaient à le garder parmi eux, il se résolut à accepter la proposition absolue du prince, et les conventions furent signées.

Nos deux voyageurs passèrent une partie de leur temps à examiner les coutumes de ces peuples. Nous citerons quelques traits qui les frappèrent plus particulièrement. Ils remarquèrent que les enfans commandent impérieusement à leurs pères ou à leurs mères, mais principalement à ces dernières, qui jamais ne s’opposent à leurs désirs ; de là, sans doute, vient cet esprit de despotisme qui est poussé chez eux jusqu’au dernier degré. Un refus ou un retard dans l’exécution de leurs ordres les irrite, et leur colère est si forte, que dans le premier moment, le malheureux esclave qui aurait excité leur emportement, courrait les risques d’être poignardé sur-le-champ. De là aussi, sans doute, cette mâle fierté qui les caractérise, et qui semble commander à ceux qui les environnent le respect et la soumission.

Sous tous les rapports, les Maures sont bien supérieurs aux noirs ; plus braves qu’eux, ils les réduisent à l’esclavage et les emploient aux travaux les plus pénibles. Ils sont en général d’une taille avantageuse, parfaitement proportionnés, et leurs figures sont très-belles et pleines de caractère. Cependant on peut aussi observer que les Maures des deux sexes paraissent au