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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

venaient des draps de lit, des cadres, des hamacs, des couvertures, des livres, des instrumens, etc., etc.

Mais une chose sacrée, respectée de tout homme qui sert avec honneur, ce signe de ralliement sous lequel on doit trouver la victoire ou la mer, le pavillon enfin, qu’est-ils devenu ?… Il a été sauvé… Est-il tombé entre les mains d’un Français ?… Non ! Celui qui avilit un signe respectable qui représente une nation, celui-là ne peut appartenir à cette même nation. Eh bien ! ce signe fut employé à des usages domestiques[1]. Des vases qui appartenaient au commandant de la frégate même, furent également sauvés, et passèrent de son buffet sur la table de l’honnête gouverneur, où M. de Chaumareys les reconnut, et c’est de lui que nous tenons ces détails ; il est vrai que les dames du gouverneur les avaient reçus à titre de cadeau de la part du lieutenant Renaud, qui commandait à bord de la goélette.

L’on ne voyait plus dans la ville que des noirs affublés, les uns de vestes et de pantalons, les autres de grandes capotes grises ; d’autres portaient des chemises, des gilets, des bonnets de police, etc., tout enfin rappelait le désordre et la confusion. Tel fut en partie le produit de l’expédition de la goélette. Les

  1. Entre diverses personnes que nous pourrions nommer, lesquelles divisèrent le grand pavillon, en firent des serviettes, des draps, etc., citons, avec la distinction quelles méritent, les nommées Sophie, négresse du gouverneur, et Marguerite, domestique blanche.