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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

présence ou celle de toute autre autorité était nécessaire. Mais soit que les armateurs ne voulussent pas attendre le retour du gouverneur, soit qu’ils fussent pressés de posséder ce qui leur revenait dans les cargaisons des navires, ils se présentèrent chez M. Potin, agent ou associé de la maison Durécu, et le priérent de vouloir bien faire le partage des objets sauvés de la frégate. Nous ignorons si M. Potin fut autorisé à faire ces partages ; mais qu’il y ait été autorisé ou non, nous croyons qu’il ne pouvait les faire sans la coopération d’un ou de plusieurs employés de l’administration, puisqu’il était lui-même l’un des armateurs. Il eût été d’autant plus facile de faire surveiller ces partages par un agent du gouvernement, qu’il y en avait alors quatre ou cinq à Saint-Louis, entre autres le greffier et le payeur ; mais aucun d’eux ne fut appelé pour assister à ces diverses opérations, qui durèrent cependant plusieurs jours. Quoi qu’il en soit, ceux auxquels appartenaient les navires se montrèrent bien plus généreux envers les naufragés que les hommes qui allèrent à bord de la frégate sur la première goélette : le peu de livres et d’effets divers qu’ils purent sauver furent restitués à ceux des naufragés qui les réclamèrent.

Peu après que ces déprédations furent terminées, quelques officiers et soldats français de terre et de mer qui étaient encore à Saint-Louis, reçurent ordre du gouverneur anglais de se rendre de suite au camp de Daccard ; c’était vers le 1er octobre. À cette époque