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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

européens portaient le cercueil sur leurs épaules, à la manière des anciens. Un pavillon national le recouvrait et retombait jusqu’à terre ; quatre officiers, dont deux français et deux anglais, placés aux angles diagonalement opposés, en soutenaient les coins : sur le cercueil on avait placé l’uniforme et les armes du jeune guerrier et les signes distinctifs de son grade. À droite et à gauche, des officiers français de terre et de mer et tous les officiers de l’administration rangés sur deux files, formaient le cortège. Le corps de musique était placé à leur suite ; après, venait l’état-major anglais ayant à sa tête le respectable major Peddy, et le corps des bourgeois conduits par le maire de la ville : enfin les officiers du régiment et un détachement commandé par l’un d’eux, fermaient la marche. Ainsi fut conduite au champ du repos cette autre victime du funeste radeau, enlevée à la fleur de l’âge, à ses amis et à la patrie, par la mort la plus funeste, et digne, par ses belles qualités et son courage, d’un moins déplorable sort. »

Ce brave militaire, qui n’était âgé que de vingt-huit ans, comptait huit années de service ; il avait été décoré de la Légion d’honneur au Champ de mai, en récompense des services qu’il avait rendus aux journées de Talavera de la Reina, de la Siera-Morena, de Saragosse, de Montmirail, de Champ-Aubert et de Montereau : il s’était aussi trouvé à la trop déplorable journée de Waterloo, et il était alors officier porte-drapeau de son régiment.

Tels étaient les événemens qui se passaient à l’île