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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

taine, qui, à la sortie de Rochefort, d’où il devait faire voile pour l’île Bourbon, alla relâcher à Plimouth pour y refaire sa mâture, qu’il avait perdue au bout de trois ou quatre jours de mer. Qui ne sait enfin qu’il ne tiendrait qu’à nous de multiplier ces citations ?

Nous épargnons au lecteur français ces souvenirs toujours pénibles ; d’ailleurs, que pourrait ajouter notre faible voix aux accens éloquens dont a retenti, dans la session précédente, la tribune de la Chambre des députés, lorsqu’un membre, ami de la patrie et de sa gloire, y signala le aberrations du ministère de la marine, et s’éleva contre ces ombres d’officiers que la faveur portait aux postes les plus importans. Il représenta, avec raison, combien il était préjudiciable au gouvernement que le commandement des vaisseaux et des colonies fut distribué au gré du caprice et pour satisfaire les prétentions d’un vain orgueil, tandis que les officiers expérimentés étaient ou méconnus ou dédaigneusement repoussés, condamnés à ne plus figurer que sur les états des demi-soldes, des réformes, des retraites, même avant que le temps les eût appelés à un repos nécessaire ou du moins légal. Combien, en effet, ne sont pas onéreuses à l’état ces retraites qui rendent inutiles des hommes à qui leur zèle et leurs talens n’en devaient assurer d’autre que leur bord ; qui n’ambitionnaient que d’y consacrer leur vie à un service sans relâche ; qui s’en seraient fait un tombeau, le seul digne d’un marin français, plutôt que d’y rien