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Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/347

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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

sacrés bien plus par la reconnaissance que par la vanité. Les noirs en défendent l’approche de la manière la plus rigoureuse. M, Kummer, que venait de quitter son compagnon pour retourner sur le rivage, examinait fort tranquillement ces rustiques tombeaux, quand tout-à-coup un de ces Africains armé d’un sabre, s’avança vers lui, en se baissant et cherchant à le surprendre. M. Kummer ne douta pas que cet homme n’en voulut à ses jours, et se retira du côté de M. Corréard, qu’il retrouva observant encore les tourlouroux et la tortue. Sur le récit qu’il lui fit de ce qui venait de se passer, et comme ils étaient sans armes, ils prirent le parti de repasser promptement le fleuve, en se précipitant dans une barque. Ils eurent bientôt lieu de s’en féliciter, car ils aperçurent plusieurs hommes qui s’étaient attroupés aux cris du noir ; et s’ils n’avaient pris la fuite, il est probable qu’ils auraient payé de leur vie leur innocente curiosité.

La rive gauche du fleuve qu’on appelle Grande-Terre, est couverte d’une verdure perpétuelle ; le sol n’est pas très-fertile, mais avec des bras pour le cultiver on pourrait en faire quelque chose.

En face et à l’est de Saint-Louis, se trouve l’île de Sur, dont l’étendue est d’environ quatre à cinq lieues de circuit, et qui n’est occupée que par un hameau de noirs : sa forme est allongée et presque rectangulaire : on y remarque deux grandes plaines où l’on pourrait établir des habitations. Elles sont couvertes d’une herbe de deux mètres de hauteur, preuve certaine qu’on pour-