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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.
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autres feux qu’on hissa au haut des mâts, et qui furent redescendus un instant après. Alors l’Écho, voyant notre entêtement, nous abandonna, et nous la perdîmes de vue pour toujours. En cette occasion, on ne peut s’empêcher de reconnaître que la conduite de l’officier de quart fut extrêmement répréhensible.

M. Savigny était sur le pont où il resta une partie de la nuit ; il eut tout le loisir de s’apercevoir de la négligence de cet officier, qui ne daigna pas même répondre aux signaux de l’Écho. Pourquoi, près d’un danger si redoutable, ne pas confronter les points des deux navires, comme cela se fait lorsqu’on navigue en division, et lui demander si elle n’avait pas reconnu le Cap-Blanc, que nous cherchions ? Tous ces motifs nous semblent assez puissans et plus que suffisans pour que la morgue du métier fut mise de côté pour un instant ; mais elle est si forte dans cette arme, qu’on a déjà vu plusieurs exemples semblables, où des vaisseaux ont péri, pour ne pas avoir voulu se soumettre à de pareils communications, qui font toujours l’éloge de celui qui les demande, et qui prouvent sa prudence et sa modestie.

Le commandant de la frégate ne fut même pas prévenu des signaux de la corvette ; il aurait été vraisemblablement inutile d’avertir M. de Chaumareys des signaux de l’Écho. Le commandant de la Méduse, chef de la division, avait annoncé, dès la rade de l’île d’Aix, l’intention d’abandonner ses bâtimens, et de se rendre seul et en toute hâte au Sénégal. Tout en par-