Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
445
PROCÈS

males qui m’attaquaient souvent la poitrine ; que j’avais éprouvé une affection scorbutique, palliée plutôt que guérie par un traitement de plusieurs mois. Je fournissais à l’appui de ces assertions des certificats authentiques ; je faisais valoir le besoin de me rapprocher de mes imprimeurs : ce fut en vain. Si l’on m’objecte que, malgré tous mes maux, je ne suis pas mort en prison ; je répondrai que je ne suis pas mort non plus sur le radeau.

Ce malheureux succès ne me découragea point. Le temps de ma détention finissait le 28 novembre, mais, comme on vient de le voir, j’étais, dès le 14 septembre écroué pour mes amendes, j’écrivis donc encore au garde-des-sceaux pour en obtenir la remise. « À peine mon établissement fut-il formé, disais-je, que mes ennemis et mes envieux me signalèrent comme libraire de l’opposition, quoique je vendisse, comme mes confrères, des ouvrages de toutes les couleurs. Ces menées, que je méprisais, produisirent leur effet. En 1819, cinq ouvrages, dont je n’étais pas l’éditeur, furent saisis chez moi ; en 1820 dix-sept ouvrages furent encore saisis chez moi et nullement chez mes confrères, qui les vendaient comme moi (une seule fois exceptée pourtant, et ce fut sur ma plainte) ; j’ai été condamné le 14 juin à quatre mois d’emprisonnement, 1000 fr. d’amende ; le 22 à quatre mois d’emprisonnement, 1200 f. d’amende ; le 28 à trois mois d’emprisonnement, 400 fr. d’amende ; le 26 juillet à quatre mois d’emprisonnement ; 500 fr.