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SUR LA HOUILLÈRE DE BEAUJONC.

L’eau qui s’est élevée les jours suivans jusqu’à vingt-sept mètres au-dessus du niveau du bure, était, dans ce moment, de quatorze mètres. Tout espoir de délivrance par Beaujonc était donc anéanti ; il était impossible d’enlever, en peu de temps, cette quantité immense d’eau toujours croissante. L’inondation pouvait même atteindre les parties les plus élevées des montées ou du moins reserrer les ouvriers dans un si petit espace qu’ils fussent entièrement privés d’air et suffoqués.

Désespérerons-nous comme la multitude qui nous environne ! oserons-nous tenter des travaux dont l’histoire du pays de Liège, où l’on exploite la houille depuis huit siècles, ne fournit un seul exemple ! laisserons-nous périr, enfin, des hommes qui nous ont donné l’exemple du courage et du dévouement ! Non, sans doute. Maîtriser les eaux pour ne pas rendre infructueux les travaux qu’à la seule inspection des lieux MM. les ingénieurs des mines, et le sieur Lambert Colson, conviennent d’entreprendre dans le bure de Mamonster, éloigné de cent soixante-quinze mètres de celui de Beaujonc, est notre premier soin. Aussitôt on ajoute à la pompe à feu les efforts de la machine à molette[1] : les maîtres des fosses sont avertis ; ils (i)

  1. La pompe à feu a une course de deux mètres, et le diamètre est de deux décimètres neuf centimètres neuf milimètres. Elle donne au moins douze impulsions par minute.
    Nous ne nous dissimulions pas que la machine à molette