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CHAPITRE III.

plus de 5 mètres 60 centimètres d’eau. Pour la porter jusque-là, on la mit en cravatte derrière une chaloupe sous laquelle on avait placé un chapelet de barriques vides, cette embarcation n’étant pas susceptible de porter un poids aussi considérable[1]. La mer était d’ailleurs assez grosse, et le courant extrêmement fort.

Cette chaloupe, rendue sur le lieu où elle devait mouiller son ancre, ne put lui donner une position convenable pour faire engager ses pattes dans le sable ; car l’une des extrémités touchait déjà le fond, tandis que le joil, fixé sur le derrière de la chaloupe, était entièrement hors de l’eau. Ainsi, mal mouillée, cette masse ne put remplir le but qu’on se proposait ; car, lorsqu’on vira dessus, elle n’opposa que fort peu de résistance, et serait revenue jusqu’à bord si l’on eût continué de faire force au cabestan[2]. Dans la journée on défonça des pièces à eau qui étaient dans la cale ; on pompa de suite. Les mâts de hune, excepté le petit, qu’on ne put dépasser, furent mis à la mer ; les vergues, la beaume et toutes les pièces de bois qui composaient la drome furent également débarquées. On conserva les deux basses vergues en place, pour servir de béquilles à la frégate et la maintenir en cas qu’elle menaçât de chavirer.

  1. Cette chaloupe n’était pas celle de la frégate ; c’était une embarcation en assez mauvais état, qui devait être laissée au Sénégal, pour le service du port.
  2. Le fond d’ailleurs était de peu de tenue, c’est un sable mêlé de vase grise et de petits coquillages.