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CHAPITRE III.

à l’embarquement de tant de monde ; on se précipitait du haut du navire, se fiant sur un simple bout


    pouvoir remettre la frégate à flot, et que les embarcations étaient insuffisantes pour porter près de quatre cents hommes ; d’ailleurs, il devait servir d’abord à recueillir les objets dont on allégerait le bâtiment, et qu’on ne voudrait pas jeter à la mer. Il faut croire néanmoins que cette destination, qui n’était que secondaire, fut la première qu’on songea à lui donner, car il fût construit d’une manière qui le rendait peu propre à porter des hommes, et surtout un grand nombre d’hommes. Enfin, le 4, bien avant dans la matinée, on fit ce qu’on aurait dû faire le 2 même ; on élongea trois grappins empennelés avec trois aussières bout à bout, et on porta au large une nouvelle ancre. Malheureusement ce ne fut encore qu’une ancre à jet, et rien n’explique pourquoi on n’en élongea pas une de bossoir. Malgré l’expérience de la veille, on laissa ainsi de nouveau la « frégate sur des ancres à jet, et on continua de l’alléger, ce que le radeau, qui avait été achevé avec plus de précipitation que de soin, permettait de faire. Cette dernière faute consomma la perte de la Méduse. Allégée comme elle l’était, on parvint facilement à la faire éviter le bout au vent, et tout présageait qu’à la marée du lendemain, ou pourrait la haller au large, l’y mouiller sûrement par douze ou treize brasses d’eau, et là, travailler à la remettre en état de faire voile ; « mais dans la nuit une très-forte brise s’éleva, l’ancre à jet chassa, et la frégate, retombant en plein sur le banc, elle s’y défonça vers trois heures du matin, le 5, soixante heures après avoir touché la première fois. L’évacuation alors parut urgente : elle se fit dans la plus grande confusion ……… »
    ( Extrait des Annales et des Sciences militaires, tome Ier, pag. 51,)