Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

l’eau n’avait pas envahi la frégate de manière à ce qu’il fût absolument indispensable de l’abandonner à l’instant même où on l’a fait. Rien n’empêchait donc d’y demeurer le temps nécessaire pour compléter les préparatifs d’un voyage prévu d’ailleurs depuis trois jours. »

« Dès que la frégate fut échouée, et bien qu’il y eût la plus grande probabilité qu’on parviendrait à la remettre à flot, il fallait s’occuper activement de la construction du radeau, dernière ressource, unique espoir du salut pour une partie de l’équipage. Il fallait apporter les plus grands soins à le rendre aussi commode que solide. Il ne devait nullement servir à recevoir les objets dont on allégerait le bâtiment : tous ces objets, susceptibles de flotter, devaient être réunis en chapelets et mouillés au large sur des grappins ou des gueuses ; ceux qui ne flottent pas, et qu’on eût désiré reprendre, eussent été jetés au fond avec de forts orins pour les relever, et de plus petits supportant de légères bouées pour indiquer leur place. Tous ces travaux pouvaient d’autant mieux marcher de front avec ceux nécessaires pour tâcher de rafflouer la frégate, que son équipage était doublé par les passagers qu’elle portait au Sénégal. Le radeau, je le repète, devait avoir pour unique destination de recevoir le plus d’hommes et de vivres possibles, dans le cas où la retraite deviendrait inévitable………………… »