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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

marins pour suppléer au gouvernail, précaution bonne en cas de séparation, comme pour soulager les canots remorqueurs. Quelques pierriers devaient être établis, tant pour faire des signaux à des bâtimens dont on craindrait de n’être pas aperçu, que pour imposer aux canots dans le besoin. Le premier objet exigeait aussi un ou deux pavillons, et autant de fanaux. Après avoir installé le mât aussi solidement que possible, et embarqué une petite ancre ou un fort grappin étalingué sur un grelin ou une forte aussière, pour étaler une marée contraire sur des bas-fonds, approvisionner la machine était la première chose à laquelle on devait penser. Il fallait embarquer une quantité de vivres et d’eau, calculée sur le nombre total des hommes (afin de ne pas encombrer les canots de ces objets), sur l’éloignement présumé de la côte, et sur les ressources qu’elle pouvait présenter. Le biscuit, qui seul craint l’eau, demandait à être mis dans des barriques bien étanchées et soigneusement foncées. Il fallait ensuite placer sur le radeau un petit coffre enfermant la boussole, la sonde et les autres instrumens nécessaires à la navigation ; un autre coffre contenant des outils de diverses espèces ; et enfin deux coffres d’armes et de munitions, garnis de celles nécessaires pour mettre la petite caravane à l’abri de toute insulte dans la route qu’elle aurait à faire par terre. J’ai déjà parlé de bien des choses ; mais je n’ai pas dit, à beaucoup près, tout ce qu’on aurait pu faire, en raison des