Page:Correspondance apocryphe de saint Paul et des Corinthiens.djvu/8

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manuscrit, ayant passé sur le continent, devint la propriété de Frédéric Masson, qui publia les deux lettres en latin dans le dixième volume de l’Histoire critique de la république des lettres[1]. L’année suivante, en 1715, David Wilkins en donna la première édition arménienne[2] avec une version latine qui fut revisée ou plutôt refaite en 1716 par La Croze. Ces deux traductions de Wilkins et de La Croze, réimprimées par Fabricius dans la troisième partie de son Codex apocryphus Novi Testamenti[3], forment certainement le texte le plus répandu de notre apocryphe, et de nos jours encore, en 1856, l’auteur du Dictionnaire des apocryphes de la collection Migne a cru satisfaire aux besoins de ses lecteurs en mettant en français le latin de la version de Wilkins, la plus imparfaite des deux. Il n’existe pas, à notre connaissance, d’autre traduction en langue française.

Malheureusement le manuscrit de Smyrne offrait un texte fort incomplet. Il ne contenait pas le fragment historique qui sépare les deux épîtres et raconte où et dans quelles circonstances saint Paul reçut la lettre des Corinthiens et écrivit sa réponse. De plus, la lettre de saint Paul était tronquée et ne comprenait que dix versets sur quarante.

Un autre manuscrit, complet cette fois, mais assez incorrect, fut rapporté d’Alep par Guillaume Whiston et envoyé à La Croze pour en obtenir une nouvelle traduction, qui fut publiée en Angleterre en 1727 et plus tard dans la correspondance du savant bibliothécaire de Berlin[4]. La Croze, qui précédemment avait fait descendre jusqu’au dixième ou au commencement du onzième siècle la composition de la troisième épître aux Corinthiens, changea d’avis en étudiant le nouveau texte et émit l’hypothèse intéressante que nous avons là un fragment des Actes de saint Paul, apocryphe depuis longtemps perdu. Les

  1. Amsterdam et Utrecht, 1714.
  2. Epistolæ S. Pauli ad Corinthios et Corinthiorum ad S. Paulum armenice, ex museo viri clariss. P. Massonii, versionem latinam accurante Wilkins. Amstelodami, 1715.
  3. Hambourg, 1719.
  4. Thesaurus epistolicus Lacrozianus, Lipsiæ, 1746, T. III, p. 237 sv.