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Lettre de Mademoiſelle Roſimont.
Paris, ce 27 Décembre 1782.


Ah ! ma chere amie, que la veille de Noël je me ſuis amuſée à courir les Meſſes de Minuit, j’étois avec un officier de dragon, mis en bourgeois et moi en bourgeoiſe. Vingt fois j’ai penſé éclater de rire en voyant ces vieilles dévotes édentées, qui ne ceſſoient de ſe donner des mea culpa et ſe battoient pour parvenir au confeſſional. Je plains le prêtre obligé d’entendre leurs vilains péchés ; car en vérité je défie qu’elles en faſſent d’autres. J’imagine qu’ils ſe dédommagent lorſque quelque jeune tendron vient leur raconter ſes frédaines. Il me prit envie d’aller me mettre dans le confeſſional afin de voir ſi je ne pourrois rien entendre. Mon conducteur m’en empêcha et il fit bien. J’aurois été fort