Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 210 )
Lettre de Mademoiſelle Roſimont.
Paris, ce 27 Décembre 1782.
Ah ! ma chere amie, que la veille
de Noël je me ſuis amuſée à courir les
Meſſes de Minuit, j’étois avec un
officier de dragon, mis en bourgeois et
moi en bourgeoiſe. Vingt fois j’ai
penſé éclater de rire en voyant ces
vieilles dévotes édentées, qui ne ceſſoient
de ſe donner des mea culpa et ſe
battoient pour parvenir au confeſſional.
Je plains le prêtre obligé d’entendre
leurs vilains péchés ; car en vérité
je défie qu’elles en faſſent d’autres.
J’imagine qu’ils ſe dédommagent lorſque
quelque jeune tendron vient leur
raconter ſes frédaines. Il me prit envie
d’aller me mettre dans le confeſſional
afin de voir ſi je ne pourrois rien entendre.
Mon conducteur m’en empêcha
et il fit bien. J’aurois été fort