Page:Correspondance d’Eulalie, 1785.djvu/229

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l’adoration ; que depuis l’inſtant qu’il m’avoit vue, il n’avoit pas fermé l’œil, qu’il ne faiſoit que penſer à moi, et étoit conſumé par un feu brûlant, que ſi je ne l’aimois, il mourroit de chagrin. Hélas ! ſes yeux en diſoient davantage : ils étoient animés. Son diſcours, qu’il débitoit avec tant de chaleur et de vérité, joint à l’amour que je reſſentois déjà, me donnoient pour le moins autant de déſirs qu’à lui. Je lui paſſai la main derriere le cou, et lui donnai un baiſer de flamme, en lui diſant qu’une demoiſelle riſquoit beaucoup en ſe fiant trop légerement aux diſcours ſéduiſans d’un jeune homme ; que l’inconſtance et l’indiſcrétion étoient les moindres maux à redouter d’un tendre commerce avec des gens de ſon état et de ſon âge. Ah ! répliqua-t-il, je ne ſais comment ſont les autres, quant à moi, je jure d’être diſcret et de vous aimer toute la vie. Auſſitôt m’embraſ-