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Lettre de Mademoiſelle Julie.
Ce Samedi 18 Janvier 1783.


Avant-hier, ma chere amie, il y avoit du monde à dîner chez moi ; on y a raconté mon aventure du bal. J’ai penſé rougir ; mais j’ai fait bonne contenance. Ce qui me faiſoit enrager, c’eſt que tout le monde paroiſſoit enchanté de ce que le Polonois avoit attrapé cette demoiſelle, ſur laquelle on lâcha mille quolibets ; il m’a fallu dire auſſi mon mot comme les autres. Le Comte diſoit qu’il donneroit dix louis pour la connoître, qu’il iroit lui en faire ſon compliment de condoléance. On a enſuite parlé nouvelles ; on aſſure que nous aurons la paix dans peu. Tant mieux, car la plupart de nos demoiſelles font une triſte figure. Au deſſert, comme d’uſage, on a lu