Page:Correspondance d’Eulalie, 1785.djvu/70

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Depuis quelque tems je ſuis peu employée par la comteſſe. Mais j’ai le Baron de Vidersbach qui m’occupe aſſez. Voilà trois jours de ſuite qu’il m’a fait faire des ſoupers avec des ſeigneurs de la cour. Cela m’a peu valu, car ce Baron eſt un Arabe, un juif, il n’eſt pas juſte dans les comptes ; de plus, il ne donne pas la moitié comme c’eſt l’uſage, mais ſeulement le tiers. Les tems ſont ſi durs qu’il faut bien en paſſer par où il veut.

Nous avons ici des chaleurs exceſſives ; je regrete bien le palais royal. Je vais quelquefois me promener aux champs Élyſées. Ils ſont aſſez fréquentés. Les paillards honteux commencent à y aller. J’en ai ſurpris un en flagrant délit… J’ai joué le rôle d’une femme honnête et je l’ai ſermoné ainſi que la pauvre créature qui l’obligeoit. Cela m’a divertit un moment. Adieu, ma bonne amie, quand ſerons-nous réunies !