Page:Correspondance de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, 1857.djvu/136

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— CXXVI —

Le cardinal de Granvelle, qui avait applaudi en des termes indécents à l’attentat du biscaïen Jaureguy, ne pouvait manquer d’approuver le crime du franc-comtois Gérard : « Alençon et Oranges — écrivit-il à son cousin le prieur de Bellefontaine — sont bien où ils sont. L’on debvra recognoistre, à l’endroit des parens, le martire qu’a souffert nostre bon Bourguignon qu’a si bien exécuté ledict d’Oranges, qui méritoit mieulx la peine que celui qu’a entrepris et si bien exécuté un acte si héroïque[1]. » Les sentiments de ce ministre, à qui la politique fit trop souvent oublier les devoirs et la mission de l’homme d’Église, éclatent encore dans sa lettre à don Juan de Idiaquez que contient notre Recueil : « Alençon — dit-il au principal secrétaire d’État de Philippe II — est mort le 10 juin ; Orange est mort le 10 juillet ; si, le 10 août, jour de Saint-Laurent, la reine, mère d’Alençon, pouvoit mourir, la perte seroit petite (p. 199). »

Tout ce qui est connu et avéré de Balthasar Gérard, — l’écrit présenté par lui au prince de Parme, sa déclaration au conseiller d’Assonleville, sa confession (pp. 164, 169) prouve que la cupidité ne fut pour rien dans les motifs qui armèrent son bras contre le prince d’Orange ; et si, quand les juges le firent appliquer à la question, il lui échappa de dire « qu’étant un pauvre compagnon, il avoit cherché pour avoir quelque

    temer, se atreva á hazerse tirano, en offensa de nuestra santa fee católica. (Bibliothèque impériale à Paris, MS. Suppl. franç. 1047, 3e cah., fol. 92.)

  1. MS. conservé à la Bibliothèque impériale, à Paris.