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Page:Correspondance de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, 1857.djvu/146

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— CXXXVI —

risez de ceulx qui les assistent, et à quoy il est très-mallaysé de remédier, tous ceulx qui veullent desrobber se joignant à eulx, ou empruntant son nom, ainsi que dict est, toutes les volleryes demeureront impunyes, et ne fault espérer, quoy que l’on face, que l’ordre s’y puisse mectre.

Au moyen de quoy, il est besoing trouver ung expédient pour faire désarmer ledict prince d’Orenge : ce qui ne se peult que par force, ou volluntairement. Pour le premier, estant ledict prince d’Orenge comprins en l’édict que Sa Majesté a faict pour la pacification de ce royaume, Sadicte Majesté n’y peut procéder par ceste voye, joinct qu’il seroit besoing d’une armée de mer pour ce faire, à laquelle Sadicte Majesté, attendu ses autres affaires, ne peult pour ceste heure entendre. Quant à le faire désarmer vollontairement, l’occasion s’en présente, s’il plaist audiet roy catholicque l’embrasser, comme Sadicte Majesté luy conseille pour le bien de ses subgectz, et la liberté du commerce par la mer : car le conte Ludovicq, frère dudict prince d’Orenge, qui a tousjours esté avecques la royne de Navarre, depuis la paix de ce royaume, a mandé au roy, par personne expresse, qu’il fera désarmer touts les vaisseaulx dudict prince d’Orenge, toutes les fois que ledict roy catholicque les vouldra recepvoir en sa bonne grâce, et les laisser jouyr de leurs biens, absens de ses pays, puisqu’il n’a pour agréable qu’ilz y soyent habitans : ayant ledict conte Ludovicq requis très-instamment Sadicte Majesté s’emploier envers ledict roy catholicque pour obtenir ce que dessus ; lequel offryt venir en ceste court, affin de y demourer pleige et caution de ce qu’il promettoit au nom de son frère, pour le désarmement desdicts vaisseaulx, lesquels il fera aussytost retirer en tel port et havre de ce royaume qu’il plaira à Sa Majesté ordonner.

Chose que ledict sieur de Saint-Goard pryra ledict roy catholicque, au nom de Sa Majesté, de bien meurement poiser et considérer, sur les pertes que font journellement ses subgeetz trafficquans ou allans par mer et tout autrement, à quoy il sera très-difficile de pourveoir par autre moyen, afin de en mander par aprez à Sadicte Majesté son intention : ayant Sadicte Majesté permis cependant audict conte Ludovicq venir en ceste court avec-