Page:Correspondance de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, 1857.djvu/36

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veler les machinations dont la mort de Guillaume le Taciturne est le but. Cette fois, c’est à Prague qu’elles sont ourdies, et par l’ambassadeur d’Espagne, don Juan de Borja[1], de concert avec le duc de Terranova, que Philippe II avait nommé son plénipotentiaire au congrès de Cologne. Un Écossais, sur le nom et la qualité duquel nous n’avons pas de renseignements certains, vint proposer à Borja de faire périr le prince d’Orange, à la seule condition que les Espagnols qui occupaient les châteaux de Parme et de Plaisance en fussent retirés. Les deux ambassadeurs traitèrent avec lui : ils lui firent comprendre sans peine qu’il ne pouvait être question d’une récompense du genre de celle dont il parlait ; mais ils lui offrirent, en cas de réussite, 5,000 écus, et il les accepta, quoiqu’il prétendît n’avoir d’autre objet que le service de Dieu et du Roi. Il demanda six mois pour l’exécution de son entreprise ; le poison était le moyen qu’il voulait employer. Cet Écossais se rendit à Cologne, dans le temps que le congrès y était réuni, cherchant une occasion de passer sûrement à Anvers ; il y resta plusieurs mois, pendant lesquels Terranova pourvut à ses besoins (pp. 10-15). Comme, après le 10 octobre 1579, nous ne rencontrons plus aucune mention de lui, nous supposons qu’il renonça à son dessein.

Tandis que Borja et Terranova machinaient à Prague la mort de Guillaume, un gentilhomme natif du pays de Savoie, mais demeurant en France, se présentait, à Londres, à don Bernardino de Mendoça, ambassadeur

  1. Fils de don Francisco de Borja, duc de Gandia, qui était entré dans la société de Jésus, et en devint général.