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Page:Correspondance de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, 1857.djvu/84

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— LXXIV —

comme son père était espagnol et vassal de Votre Majesté, il se tenait, lui, également pour tel ; que, voulant satisfaire à ses obligations, il venait m’offrir de servir Votre Majesté de sa personne ; que, de plus, il pensait avoir le moyen de rendre de si grands et signalés services que j’aurais une entière satisfaction de lui, et là-dessus il donna à entendre qu’il pourrait mettre Votre Majesté en la possession de la citadelle de Cambray.

« Je le remerciai, lui témoignant toute confiance, et me réservant de traiter une autre fois de l’affaire dont il parlait comme il m’était inconnu, je ne voulus pas m’avancer davantage avec lui. M. de Samblemont, que je tiens pour très-affectionné au service de Votre Majesté, se trouvant en ce temps-là au camp, je désirai savoir de lui qui était ce Juan de Salcedo. Il me dit qu’il avait de beaux biens ; qu’il était animé de bonnes intentions et d’un grand zèle pour le service de Votre Majesté ; enfin il m’en fit tout l’éloge que je pouvais désirer. Nous convînmes de lui parler ensemble et d’approfondir davantage ses desseins. Je le fis appeler en présence dudit Samblemont : il m’assura que, selon qu’il l’avait offert, il tâcherait de mettre en nos mains la citadelle de Cambray, par le moyen de certain capitaine. Nous tombâmes d’accord qu’il irait où était le duc d’Alençon, afin de mieux disposer l’exécution de son projet, et de m’instruire de ce qui se passait dans le camp de ce prince. Je le fis accompagner d’un Italien de la cavalerie, homme de confiance et de bon jugement[1], qui devait s’informer

  1. Francesco de Baza.