Page:Correspondance inédite (1870-1875) d'Arthur Rimbaud, 1929.djvu/85

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La mère Rimb. retournera à Charlestown dans le courant de juin. C'est sûr, et je tâcherai de rester dans cette jolie ville quelque temps.

Le soleil est accablant et il gèle le matin. J'ai été avant-hier voir les Prussmars à Vouziers, une préfecte de 10.000 âmes, à sept kilom. d'ici. Ça m'a ragaillardi.

je suis abominablement gêné. Pas un livre, pas un cabaret à portée de moi, pas un incident dans la rue. Quelle horreur que cette campagne française. Mon sort dépend de ce livre, pour lequel une demi-douzaine d'histoires atroces sont encore à inventer. Comment inventer des atrocités ici! Je ne t'envoie pas d'histoires, quoique j'en aie déjà trois, ça coûte tant! Enfin voillà!

Au revoir, tu verras ça.

Rimb.

Prochainement je t'enverrai des timbres pour m'acheter et m'envoyer le Faust de Goethe, Biblioth. populaire. Ça doit coûter un sou de transport.

Dis-moi s'il n'y a pas des traduct. de Shakespeare dans les nouveaux livres de cette biblioth.

Si même tu peux m'en envoyer le catalogue le plus nouveau, envoie.

R.