geyser, déterminés à coucher sans tente à Thingwalla, malgré la pluie, en nous industriant chacun pour trouver un abri ; quatre se mettent dans l’église, qui est grande comme le salon de Cracouville[1] et encombrée de bancs ; le Prince couche dans la maison du pasteur ; les officiers de marine et moi, qui tiens à donner l’exemple, nous couchons sur des mottes de terre desséchées sous un petit hangar qui n’abrite que la moitié de notre longueur, nous étendons une toile cirée sur nos jambes, car il pleut toute la nuit. Le lendemain matin, le temps s’embellit et rassérène les caractères, qui étaient la veille à l’unisson du temps. À 9 heures, nous sommes en route et nous allons par monts et par vaux, très souvent dans des chemins creux, où mes jambes portent des deux côtés sur le sol. Nous faisons ainsi seize ou dix-sept lieues en huit heures, en y comprenant deux haltes d’une demi heure et d’une heure et demie au bord d’un lac où sont des sources d’eau chaude jusque dans l’intérieur du lac. Nous traversons une rivière à un endroit nommé Brueran ; c’est effrayant : un petit bout de bois sur un gouffre, et pour arriver au pont, la moitié de la rivière à traverser à gué. Les guides ont beaucoup de peine à faire passer sans accident les chevaux libres que nous chassons devant nous.
Nous arrivons au geyser aprés avoir fait une vraie course au clocher depuis la dernière halte. Nous trouvons nos tentes faites et un Anglais établi là depuis quatre ou cinq jours, lord Dufferin, [2] jeune homme fort bien
- ↑ (La terre du baron de La Roncière, près d’Evreux.
- ↑ Lord Dufferin. Marquis de Dufferin et Ava, commissaire en Syrie en 1860, sous-secrétaire d’État pour l’Inde en 1864 et à la guerre en 1866 ; chancelier du duché de La castre en 1868 ; gouverneur général du Canada en 1872 ; ambassadeur à Saint-Pétesbourgg (1878-1881) puis à Constantinople ; vice-roi de l’Inde (1884-1888) : ambassadeur à Rome (1888-1891) ; ambassadeur à Paris (1892-1896).
