Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/136

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correspondance la roncière

Ce sont des bœufs attelés à un manège qui font remonter la corde.

Nous sommes rentrés le soir à Upsal, gelés, et le lendemain à Stockholm. Nous dînons à bord de la Reine Hortense, ce qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps.

C’est le 19, à 5 h. 1/2 du soir, qu’après avoir fait les cadeaux et les adieux, nous sommes partis. À mon grand déplaisir, nous avons marché jusqu’à 7 h. 1/2 au milieu des passes, mais, le temps étant devenu très sombre, il s’en est fallu de l’épaisseur d’un cheveu que nous coupions un îlot en deux, et alors c’en était fait de la Reine Hortense. L’équipage aurait pu se sauver, voilà tout. C’est arrivé par un entêtement du pilote. J’étais heureusement sur le pont, causant avec l’officier de marine suédois attaché au Prince, J’ai pu de suite prendre les mesures nécessaires pour empêcher la catastrophe. Mais il s’en est fallu de bien peu. Nous avons alors mouillé et ne sommes repartis que le lendemain matin au jour, faisant route pour Wisby, capitale de l’île de Gottland Je désespérais d’y arriver avant la nuit, ce qui nous perdait une journée. Mais la Reine Hortense, qui avait eu sept jours de repos et réparation à Stockholm, a si bien marché que nous sommes arrivés à Wisby à 5 h. 1/2, et nous avons eu le temps de visiter suffisamment la ville. Elle avait jadis 30.000 habitants, comme en font foi ses murailles en ruine très étendues. Elle n’en a plus que 300 ; il lui reste de son ancienne splendeur de très belles églises, aussi en ruines. Il n’y en a pas moins de huit, dont quatre très remarquables Nous les avons vues avec un demi-jour, ce qui ajoutait encore à reflet.

Nous sommes arrivés ce matin à Copenhague ; je pense que nous y resterons trois jours. De là, nous irons très probablement à Kiel, sur la côte du Holstein, en faisant