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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/178

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est, au fond, plus heureuse et plus naturelle que celle qu’avait adoptée M. Dorat ; mais les longueurs qui suspendent l’action pendant tout le second acte et la première partie du troisième ont fort indisposé le public ; il a eu la cruauté de demander à grands cris l’auteur des paroles, pour le siffler ensuite sans miséricorde. L’auteur de la musique a été traité plus favorablement ; on a trouvé plusieurs morceaux de cet opéra d’un chant facile et agréable.



DÉCEMBRE.

LE SONGE D’ATHALIE,
par M. grimod de la reynière, avocat au parlement,
(c’est-à-dire par MM. de champcenetz et de rivarol).
Épître dédicatoire
à M. le marquis ducrest, chancelier de M. le duc d’orléans, etc. etc.[1].

Monsieur le marquis,

Peut-être trouvera-t-on étrange que je vous dédie le Songe d’Athalie, tant il est rare qu’une parodie soit prise en bonne part. Il est pourtant vrai que sans moi les grands traits du caractère d’Athalie et les plus beaux vers de Racine n’auraient jamais été appliqués à madame votre sœur ; et comme sa modestie va quelquefois jusqu’à s’interdire la reconnaissance, c’est à vous que je m’adresse. La divinité elle-même aurait peut-être mal interprété mon hommage ou méconnu son image.

Vous percerez dans ma véritable intention avec cet œil d’aigle que la nature vous a donné, et que vous venez d’offrir à la France. Oui, je le dis en passant, si l’État est encore dans la crise des erreurs et des besoins, c’est sa faute. On n’a point à vous reprocher de vous être enseveli dans un indigne silence. L’État a fait l’aveu de sa faiblesse, et vous lui avez fait celui de vos talents. Puisse le prince qui, contre toutes les lois de la perspective, vient de s’agrandir en s’éloignant, ne plus hésiter entre la France et sa maison, et vous céder à l’État.

  1. Cette épître est datée du 28 novembre 1787.