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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/184

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CHARADE,
PAR M. LE CHEVALIER DE LOMONT.

Mon premier est égal en tout à mon second.
Sans chercher on ne peut trouver ni l’un ni l’autre.
Si, devenant amant, je devenais le vôtre,
De mon tout partagé j’aimerais bien le nom[1].

— Le mercredi 5 décembre on a donné, sur le Théâtre-Italien, la première représentation de l’Amant à l’épreuve, comédie en deux actes et en prose, mêlée d’ariettes. Les paroles sont de M. Moline, la musique de M. Berton, jeune compositeur, dont nous avons déjà eu l’honneur de vous annoncer les premiers succès.

Le sujet de l’Amant à l’épreuve est pris d’un épisode du Roman comique de Scarron. La princesse Éléonore, veuve depuis six mois, aime un jeune Napolitain nommé don Carlos, et en est adorée. Cet amant ignore l’état et le nom de sa maîtresse ; jusqu’à ce moment, il ne lui a parlé que la nuit. Après beaucoup d’autres épreuves pour s’assurer si don Carlos l’aime véritablement et n’aime qu’elle, elle le fait enlever par ses gens à la sortie du bal et conduire dans son palais, où elle a fait préparer une fête superbe. Les plus belles femmes qui composent sa cour essaient vainement de plaire à don Carlos ; on le laisse enfin seul avec Constance, jeune Française, suivante de la princesse ; celle-ci feint d’être la belle inconnue qu’il aime et qui l’a fait enlever, elle offre à don Carlos sa fortune et sa main. Don Carlos résiste à ses offres, son cœur lui dit que ce n’est point celle qu’il a choisie. Éléonore paraît alors et se fait reconnaître en offrant aux regards de don Carlos le bracelet qu’elle a reçu de lui.

Cette action, trop simple, et qu’un peu d’invention aurait pu rendre plus vive et plus intéressante, n’a pas servi trop avantageusement le talent du musicien ; on a cependant observé que dans cette nouvelle composition il avait évité la plupart des reproches que l’on avait faits à son premier ouvrage ; on a reconnu dans plusieurs morceaux cette grâce d’expression, cette clarté de dessin dont le célèbre Sacchini, son maître, avait commencé

  1. Le mot de la charade est chercher.