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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/248

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moins soigné ; cependant, à quelques longueurs près, nous la croyons beaucoup plus propre à réussir au théâtre que l’Esprit de parti.

Nous n’oserions en dire autant de l’opéra de la Toison d’or, sujet déjà traité par le grand Corneille ; c’est l’amour de Médée pour Jason, qui vient en Colchide, à la tête des Argonautes, enlever la fameuse Toison à laquelle étaient attachés les destins de son père et ceux de sa patrie. Les combats de l’amour de cette princesse avec son devoir forment le seul intérêt du nouveau poëme ; Corneille avait cru devoir le soutenir par un intérêt plus vif et plus dramatique, celui de la jalousie d’Hypsipyle, jeune reine à qui le perfide Jason a déjà engagé sa foi.

Quant aux pièces fugitives qui terminent ce volume des Œuvres de M. de Chabanon, elles n’offrent rien de fort piquant ; la plupart avaient déjà été imprimées dans différents journaux. Il y a de très-beaux vers dans le Discours sur l’adversité, et dans un poëme sur la tragédie lyrique, divisé en trois épîtres : la première offre des vues très-saines sur la tragédie, que quelques personnes voudraient voir bannir de la scène lyrique ; la seconde indique aux poëtes quels moyens ils doivent employer pour servir un art qui ne déploie jamais mieux sa puissance que lorsqu’on lui donne de grandes passions à exprimer ; la troisième indique aux musiciens les procédés qui peuvent rendre leurs compositions aussi chantantes que dramatiques.

Aphorismes philosophiques[1], brochure in-24 de 87 pages, avec cette épigraphe :

Satis mihi pauci… satis unus… satis nullus…


Maximes détachées : l’auteur, dans sa préface, les appelle Vierges ; il se fait une trop douce illusion, la plupart de ces vierges sont à tout le monde. Dans le petit nombre de ces pensées, il en est pourtant quelques-unes dont l’expression est assez précise, assez heureuse, telles que celles-ci : « La bienfaisance n’est qu’une restitution… Il n’y a peut-être que ceux qui ne

  1. Attribués par les rédacteurs du catalogue de Pixérécourt (Ch. Nodier et M.P. Lacroix) à un sieur Papillon que ne mentionne pas Quérard (No 2282 du catalogue).