Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peu. Elle est la bonté même, mais cette bonté que la raison ne commande point, qui coule du cœur, qui a de la grâce, qui charme, qui se fait adorer, qui suppose tant de vertus et n’en paraît pas une. »

M. Dupaty dit beaucoup de mal du gouvernement et des mœurs de Naples ; voici une anecdote qui a paru trop singulière pour l’oublier. Un avocat de Naples a eu l’audace de dire, dans un mémoire imprimé : « Et ne sait-on pas que notre roi est un Polichinelle qui n’a pas de volonté ? » Ce mémoire n’a pas été attaqué.

On trouvera, je crois, le sentiment d’un goût sage et pur dans la description de plusieurs chefs-d’œuvre de peinture et de sculpture, tant anciens que modernes ; mais quelque mérite qu’il ait dans plusieurs de ces descriptions, est-ce au bel esprit français à refaire celles que nous a laissées l’abbé Winckelman ? Quel style approchera jamais de l’immortel burin de cet homme de génie ?




SEPTEMBRE.

La séance publique de l’Académie française, le jour de la Saint-Louis, a été occupée tout entière par la lecture et par l’annonce des différents prix décernés ou proposés par l’Académie. Le prix d’éloquence a été donné à l’Éloge de Louis XII, par l’abbé Noël, professeur de l’Université de Paris au collège de Louis-le-Grand, et c’est M. l’abbé Maury qui en a fait la lecture. L’esprit dans lequel l’auteur a conçu cet Éloge est très-bien marqué dans l’épigraphe qu’il a choisie, Remittuntur ei multum quia dilexit multum[1]. Notre orateur ne rappelle ni les entreprises guerrières de son héros, ni ses démêlés avec les papes et les nations voisines ; il avoue que ce n’est point la part que prit Louis XII au système politique de l’Europe qui lui assure un rang si honorable dans le cœur de tous les Français ; ses titres à la gloire sont les bienfaits de son administration intérieure. À tous les reproches que l’histoire peut faire à son règne,

  1. S. Luc, cap. VII, v. 47.